Revue de presse L’homme derrière le Brexit

Le sorcier des algorithmes qui ont fait gagner le “Leave”

Robert Mercer, un Conservateur à la tête de plusieurs fonds d'investissements, a joué un rôle-clé dans la campagne de l'organisation Leave.eu, qui se battait pour le Brexit, révèle The Observer.

Publié le 3 mars 2017 à 11:11

The Observer a révélé cette semaine que Mercer, patron entre autres du fonds d'investissement spécialisé dans le transactions à haute fréquence et parmi les principaux bailleurs de la campagne de Donald Trump, ainsi qu'actionnaire du site d'actualité de l'ultra-droite Breitbart News Network, “a mis sa société d'analyse de données à la disposition de la campagne en faveur du Brexit afin de cibler les électeurs indécis sur la base de leur activité sur Facebook”. L'hebdomadaire ajoute que ce don en nature "n'a pas été déclaré à la commission des comptes électoraux."

Mercer est un des principaux actionnaires de Cambridge Analytica, une société qui a conduit des opérations de guerre psychologique et qui affirme utiliser "une technologie de pointe pour réaliser des profils intimes des électeurs afin de découvrir et de cibler ce qui déclenche leurs émotions". L'équipe de campagne de Donald Trump "a versé plus de 6 millions de dollars (5,7 millions d'euros) pour cibler les électeurs indécis" lors de la présidentielle américaine, et Mercer l'a mise à disposition de Nigel Farage.

Leur amitié de longue date avec l'ancien chef du UKIP (droite populiste et europhobe britannique) a conduit Mercer "à lui proposer de l'aider gratuitement dans la campagne pour le Brexit". Selon The Observer,

Sur la base des conseils de Cambridge Analytica, la campagne Leave.eu a mis sur pieds une énorme base de données des sympathisants, en créant des profils détaillés de leur vies grâce aux données collectées à travers Facebook. Leave.eu a ensuite envoyé des milliers de versions différentes de message, selon ce qu'elle avait appris sur leur personnalité.

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Tout en ayant rangé Cambridge Analytica parmi ses "partenaires stratégiques", cette dernière a affirmé ne pas avoir travaillé pour Leave.eu et "a refusé de dire […] si elle a prêté ses services gratuitement", et d'expliquer "pourquoi elle n'a pas déclaré ce don en nature à la commission électorale". Cela dit, le directeur de la communication de Leave.eu, Andy Wigmore, a confié à une reporter du Guardian que "Cambridge Analytica a travaillé pour eux", même si à titre gracieux : "Ils leur ont appris comment établir des profils, comment viser les gens et comment recueillir des tonnes de données à partir des profils Facebook des gens.*"

Ni Cambridge Analytica ni Mercer, qui finance une vaste gamme d'organisations sans but lucratif, parmi lesquelles le Heartland Institute, un centre de réflexion climatosceptique, et le Media Research Center, qui clame "un engagement sans faille pour neutraliser le biais de gauche dans les informations, les médias et la culture de masse", n'ont souhaité réagir aux révélation de The Observer.

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