Bateau échoué à Cruit Island, dans le comté de Donegal. Les deux circonscriptions électorales de Donegal ont été les seules du pays à rejeter une seconde fois le traité de Lisbonne. (Karenwithak)

Que faire des partisans du non ?

Consultés une seconde fois le 2 octobre, les Irlandais ont approuvé le traité de Lisbonne à un écrasante majorité - 67 %. En juin 2008, ils avaient été 53,4 % à le rejeter. Pour le journaliste James Downey, avoir ignoré ceux qui avaient voté non est une violation de leur droit électoral et crée un vide dans le paysage politique irlandais.

Publié le 5 octobre 2009 à 14:17
Bateau échoué à Cruit Island, dans le comté de Donegal. Les deux circonscriptions électorales de Donegal ont été les seules du pays à rejeter une seconde fois le traité de Lisbonne. (Karenwithak)

Le second référendum sur le traité de Lisbonne est un événement politique qui laissera des traces, pendant longtemps. Plus de 800 000 personnes, soit près d'un tiers de l'électorat qui avait voté non en 2008, ont été désavouées. Cela s'est fait il y a plus d'un an, quand le gouvernement - sans aucune garantie en échange - a trahi une décision démocratique nationale, consacrée par la Constitution, qui aurait dû avoir une valeur absolue, comme cela avait été le cas lors de précédents référendums. Les trois grands partis, le Fianna Fail, le Fine Gael et les travaillistes, qui, lors des dernières élections législatives, ont représenté une majorité écrasante d'électeurs, ont volontairement tourné le dos à ceux qui avaient voté non lors du référendum de 2008. Leur victoire n'a eu absolument aucun poids démocratique, pas plus que leur inquiétude croissante quant à la légalité, la justice et la conformité constitutionnelle de ce qui s'est passé par la suite. C'est un désaveu majeur.

Dans n'importe quelle démocratie, le droit du peuple à être représenté au Parlement est synonyme de liberté. Le fait de revenir sur une décision prise par la majorité constitue une violation délibérée de ce droit. L'Union européenne était de mèche et a joué un rôle dans l'affaire, allant jusqu'à intervenir directement, à soutenir financièrement la campagne du “oui” et à manipuler sciemment les faits à propos du traité de Lisbonne. Le résultat s'en est trouvé biaisé de manière irréversible. Mais le pire, tant pour ceux qui sont au pouvoir que pour l'opposition, c'est qu'un vide s'est créé autour de ceux qui ont voté non les deux fois. C'est une réalité désormais incontournable.

Le traité a divisé l'Europe

A cause de cela, ceux qui ont revoté non représentent maintenant ce que je définirais comme une “quatrième force” dans la vie politique irlandaise. Cette section de l'opinion publique est en colère, elle se sent flouée, trompée et, pour l'essentiel, méprisée. Elle ne rassemble sans doute pas autant de gens que les trois grands partis, d'où le nom que je lui donne, mais ses membres sont assez nombreux, s'ils s'organisent et décident d'agir en politique à l'avenir, pour exercer une influence sensible. Beaucoup d'Irlandais, qu'ils aient voté oui ou non, seraient favorables à une telle évolution. Et le Sinn Féin, qui a de nouveau fait campagne contre le traité, n'est pas en mesure de combler ce vide.

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Quant à l'Union européenne, ses ennuis avec le traité de Lisbonne sont loin d'être terminés. En tant que mécanisme, le projet n'a pas unifié l'Europe. Il a divisé les 500 millions d'habitants de l'UE, une division qui s'est aggravée dans l'atmosphère de crise économique. L'Europe considère l'Irlande avec des sentiments très mitigés. Brian Cowen et sa campagne pour le oui se sont efforcés de mettre cette vérité en scène de façon extrêmement négative. L'Irlande ressort profondément divisée de cette campagne électorale, et les traces qu'a laissées cette dernière ne s'effaceront pas de sitôt.

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