
"Pour trouver un accord, les dirigeants européens ont pris le parti suicidaire du plus petit dénominateur commun", regrette La Repubblica, pour qui "l'Europe a à présent un numéro de téléphone. Mais on peut douter que quelqu'un éprouve un jour le besoin de le composer. Si l'Europe s'est donnée un visage et un numéro de téléphone", avertit toutefois le quotidien romain, "c'est celui d'Angela Merkel, certainement pas celui d'Herman Van Rompuy et encore moins celui de la baronne Ashton". "Chers Américains, voici M. Europe 2009 : Herman Van Rompuy", ironise le quotidien polonais Rzeczpospolita. "Appelez-le seulement pour discuter de la guerre contre le terrorisme, de la réduction des émissions de CO2 et de la crise économique". "Est-ce que cela valait la peine de se battre pour le traité de Lisbonne pour donner les nouveaux postes à deux faiblards ?" se demande de son côté Gazeta Wyborcza.
Sur la même longueur d'onde, El País critique l´absence de visibilité et rayonnement des candidats : "Une UE trop grise", titre le quotidien espagnol estimant que "*les Vingt-S*ept optent pour un président sans leadership et offrent la politique extérieure à Londres. Le résultat est triste pour les europhiles et il aggravera l´éloignement des citoyens vis-à-vis des institutions". "L'Europe a perdu sa première grande opportunité de prouver que le traité de Lisbonne lui donnerait, enfin, les instruments politiques pour faire valoir son poids sur la scène internationale", regrette Público. Et, ajoute The Guardian, "de bloquer le glissement vers un monde bipolaire, dominé par les Etats-Unis et la Chine".
Une nomination non-démocratique à un poste non-démocratique


"Van Rompuy a la réputation de pratiquer l'autodérision", note The Guardian, pour qui il semble que "sa modestie apparente masque une détermination d'acier, une intelligence aigüe et des idées marquées qu'il partage rarement. Il ne supporte pas les imbéciles et peut être cassant en privé sur ses adversaires politiques". Le Daily Telegraph note par ailleurs que Van Rompuy "est un des plus fervents opposants à l'adhésion de la Turquie à l'Union, car elle menacerait de diluer le patrimoine chrétien de l'Europe".
La Belgique entre la fierté et la crainte

Le départ de Van Rompuy du gouvernement belge pose la question de sa succession : "Van Rompuy parti, [c'est] le retour de la crise ?", s'inquiètent ainsi Le Soir en écho à la presse belge dans son ensemble. Car cela implique le retour probable de l'ancien premier ministre Yves Leterme qui avait quitté ce poste suite à l'échec de négociations gouvernementales en 2008. Une perspective vue d'un mauvais oeil par De Morgen: "On a grincé les dents hier soir, car le scénario le plus logique, mais pas forcément le plus souhaitable, est que Yves Leterme prenne la relève. Pour ce pays, cela signifie une grande misère".
COULISSES
Les seconds couteaux comptent aussi
On peut faire encore plus opaque. Derrière les marchandages autour des deux postes clés de président du Conseil et de Haut représentant, derrière les discrètes négociations pour répartir les portefeuilles de commissaires, une autre course s'est jouée entre une vingtaine de candidats. "La deuxième ligne compte aussi", titre le Tagesspiegelen notant que l'Allemagne - absente du futur duo de tête de l'UE - a tiré les ficelles en coulisses pour placer ses hommes de confiance à des postes juste en dessous du niveau de la Commission.
Premier emploi en jeu: le Secrétaire général du Conseil de l'Union européenne poste auquel le "très influent" français Pierre de Boissieu vient d'être reconduit. Autre position convoitée: le Secrétaire général du service extérieur de l'UE. "Il tirera les ficelles en éminence grise", raison pour laquelle sa désignation devait être décidée en même temps que celles du Président et du Haut représentant.
