"Ne vaudrait-il pas mieux que tu repartes ?" Un article de presse anti-immigrés utilisé par le PVV de Geert Wilders

Site anti-immigrés : les Pays-Bas pointés du doigt

Dénoncer les "nuisances et la pollution" dont se rendent coupables les migrants d'Europe de l'Est : le site créé par le parti de Geert Wilders suscite un tollé dans plusieurs pays européens. Le Premier ministre Mark Rutte va-t-il condamner cette provocation ?, s'interroge le NRC Handelsblad.

Publié le 14 février 2012 à 16:50
"Ne vaudrait-il pas mieux que tu repartes ?" Un article de presse anti-immigrés utilisé par le PVV de Geert Wilders

On ne souhaiterait parfois pas à son pire ennemi le soutien passif du Parti pour la liberté (PVV, extrême droite). Une fois de plus, le gouvernement minoritaire VVD/CDA (libéral et chrétien-démocrate) est confronté aux peu ragoûtantes implications du coup de main donné par le PVV.

Les partis politiques de la Chambre basse néerlandaise vont prochainement recevoir un courrier indigné, signé de dix ambassadeurs de pays d’Europe centrale et de l’Est — Pologne, République tchèque, Estonie, Lettonie, Lituanie, Slovaquie, Slovénie, Hongrie, Bulgarie et Roumanie.

Le Premier ministre manque de courage

La polémique porte sur le nouveau site spécialement mis en place par le PVV, sur lequel les Néerlandais peuvent se plaindre des nuisances créées dans leur pays par les Roumains, les Bulgares et autres personnes originaires d’Europe centrale ou de l’Est. Ces Etats sont membres de l'Union européenne depuis 2004 ou 2007 et leurs ressortissants ont le droit de vivre et de travailler ailleurs en Europe. Tout comme les Néerlandais qui ont transféré leurs activités, par exemple, en Pologne.

C'est une initiative qui ne sert à rien. Toutefois, elle ne surprend guère venant d'un parti ouvertement xénophobe. Personne ne nie que les migrations en provenance d'Europe centrale et orientale posent des problèmes. Il serait contreproductif de le contester. Il faut donc chercher de véritables solutions à ce problème.

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Certes l'attitude du PVV est répréhensible et ne fait guère avancer le débat mais il faut aussi reconnaître que le Premier ministre manque de courage. La semaine dernière, il a déclaré devant la chambre basse qu'il ne ferait aucun commentaire "sur les positions spécifiques prises par certains partis", une déclaration qu'il a réitérée le 13 février.

Il est évident que le Premier ministre n'a pas à réagir à tout ce que fait ou dit le PVV, il est même préférable qu'il ne le fasse pas. Il est toutefois des situations comme avec ce site Internet, où le gouvernement ne peut tout simplement pas rester impassible. Par exemple, lorsque des intérêts néerlandais à l'étranger sont en jeu.

Le gouvernement doit prendre position

Ainsi, le quatrième gouvernement dirigé par Balkenende (Balkenende IV) avait clairement pris ses distances avec Fitna [en 2008], le film du leader du PVV, Geert Wilders, qui insultait l'islam. A l'époque, Maxime Verhagen, alors ministre des Affaires étrangères et aujourd'hui vice-premier ministre, avait fait savoir que “Fitna ne [reflétait] en rien la position du gouvernement néerlandais”.

Ecrivant dans le journal arabophone Asharq Al-Awsat, il faisait valoir qu'il “appartient à chacun de respecter les droits et la réputation des autres cultures”. Ces sages propos pourraient s'appliquer aujourd'hui au site Internet discriminatoire du PVV, d'autant qu'il fait désormais plus ou moins partie du gouvernement.

Maintenant que d'autres Etats membres de l'UE exigent des Pays-Bas qu'ils clarifient les choses, Rutte ne peut plus continuer à s'abriter derrière cette attitude officielle. On est en droit d'attendre une position claire du gouvernement néerlandais. Cela ne devrait pas demander un bien grand courage.

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