Le complexe industriel de Philips à Eindhoven. Photo : Caruso St John Architects

Philips rend son lustre à Eindhoven

Sur l'ancien site du géant de l'électronique, un nouveau quartier est en train de surgir. Ce chantier, le plus grand des Pays-Bas, doit redonner vie à une ville qui s'est toujours identifiée à l'entreprise.

Publié le 6 janvier 2010 à 16:53
Le complexe industriel de Philips à Eindhoven. Photo : Caruso St John Architects

Pour les habitants d’Eindhoven, les silhouettes des immeubles de Philips font partie du décor – à une certaine distance. Car la plupart d'entre eux n’ont jamais mis les pieds dans ces bâtiments ni n'ont pu s'en approcher. Le quartier Strijp-S, l’ancien campus consacré à la recherche et au développement du groupe électronique Philips, était une forteresse close à toute personne dépourvue de carte d’accès. Il n’est donc pas exagéré de dire que ces prochaines années, au cœur même d’Eindhoven, c'est un nouveau monde qui va s’ouvrir. Après près de 90 ans, la "Cité interdite de Philips", va lentement mais sûrement ouvrir ses verrous, au cours du plus grand projet d'aménagement urbain des Pays-Bas. Lorsqu’il sera achevé dans une quinzaine d’années, Eindhoven comptera un deuxième centre-ville, où on pourra habiter, travailler, enseigner, faire du shopping et se distraire, lui donnant ainsi des allures de grande métropole.

28 hectares désaffectés

Les 28 hectares du Strijp-S incarnent la fierté d'Eindhoven. C’est ici que Philips est devenue la grande entreprise que l’on sait ; radios et téléviseurs y ont été assemblés: l’audiocassette, le CD et le système Video 2000 y ont vu le jour. Et c’est d’ici que la Reine Juliana fit en 1927 sa première allocution radiodiffusée. Ce sont les vestiges d’une splendeur passée depuis que Philips, à la fin du siècle précédent, a sonné la retraite. La production a déménagé vers d’autres lieux - le plus souvent à l’étranger - et la recherche et l’innovation se sont installées sur un nouveau site, le High Tech Campus, dans la banlieue. C’est ainsi qu’à deux pas du centre-ville, on s’est tout d’un coup retrouvé avec cet énorme terrain désaffecté, flanqué de la voie ferrée, du stade Philips Stadion, de l’ancienne et colossale école professionnelle de Philips et des quartiers d’habitation environnants, également construits par Philips.

Si Eindhoven n’a pas sombré dans le réflexe des décennies précédentes, où l'on démolissait impitoyablement les bâtiments historiques dès qu’ils perdaient leur fonction, c'est surtout grâce à l’architecte et superviseur du projet, Adriaan Geuze. Il a voulu conserver les usines monumentales et caractéristiques, les réhabilitant sous forme de logements et de bureaux. Là où les anciens entrepôts et les bureaux ont été démolis, il a érigé des tours et des complexes résidentiels qui compteront plus de 2 500 appartements. Le but étant que Strijp-S ne devienne pas seulement un nouveau quartier, mais une ‘ville créative’, qui propulsera Eindhoven au rang de pôle national de la technique, de l’innovation et du design.

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Une nouvelle ville créative

Alors que les bulldozers continuent d’aller et venir, certains immeubles sont déjà remplis de jeunes entrepreneurs débutants qui profitent des loyers avantageux et s’accommodent des inconvénients causés par les chantiers environnants. Dans une série de trois bâtiments d’usine blancs jumelés datant des années 1920, les designers Kiki & Joost ont par exemple été parmi les premiers à installer leur immense atelier. De plus, le terrain compte une salle d’escalade, un gigantesque skate parc ainsi qu’un institut de musique, nommé PopEi. Il s’agissait au départ d’installations provisoires, mais elles attirent tant de jeunes qu’elles font à présent partie des projets définitifs. Ceux-ci prévoient aussi l’aménagement du centre culturel et théâtre Plaza Futura et d’une deuxième filiale du musée municipal Van Abbemuseum.

Philips ne va pas abandonner totalement Strijp-S : il compte y installer un terrain d’expérimentation pour les toutes dernières techniques en matière d’éclairage, avec des plaques de rue illuminées, une ‘porte lumineuse’ comme limite du quartier, des lucioles qui s’allument sur la surface de la chaussée lorsque le bus approche et une voie principale sans réverbères car tout l’éclairage sera aménagé dans les arbres et sur les façades. Et c’est ainsi qu’Eindhoven se redécouvrira elle-même en ville lumière.

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