Actualité Commission européenne
Les candidats passent leur examen d'admission devant les eurodéputés, qui doivent les confirmer. Photo: Getty

Le grand oral a commencé

Le Parlement entame ce lundi les auditions des 26 commissaires européens de l'équipe Barroso II. L'exercice, peu apprécié des candidats, permet à l'hémicycle d'afficher et de renforcer son autorité, observe la presse.

Publié le 11 janvier 2010 à 14:17
Les candidats passent leur examen d'admission devant les eurodéputés, qui doivent les confirmer. Photo: Getty

"Pour le Parlement européen, ce sont les Très Riches Heures où il se rêve à l'égal du Congrès des Etats-Unis", écrit Le Figaro. Pendant huit jours, les 26 commissaires désignés par les pays membres sont tour à tour auditionnés par les députés européens. S'exprimant pendant 3 heures, ils doivent répondre à leurs questions, selon un questionnaire bien précis : l'exercice consistant à évaluer les compétences des candidats, leur engagement européen et la pertinence de leur nomination. A l'issue de la procédure, le 26 janvier, les élus devront investir formellement les commissaires, dont le mandat expire en 2014. Mais ils pourront aussi censurer en bloc la Commission, obligeant son président, José Manuel Barroso et les Etats à revoir leur copie. "ll s’agit d’un moment fort dans la vie du Parlement européen (…). Les eurodéputés disposent d’une vraie arme pour exercer un contrôle politique et démocratique. Un peu comme si les parlementaires belges mettaient sur le gril les ministres pour vérifier leurs compétences avant de voter leur investiture", commente La Libre Belgique. "L'enchaînement de vingt-six 'interrogatoires' offrira, aux acteurs comme aux électeurs, l'occasion rare d'un vrai théâtre politique", souligne aussi Le Figaro qui rappelle que ce type "d'épreuve publique et individuelle reste plutôt rare de ce côté-ci de l'Atlantique". C'est l'occasion pour les 736 députés "d'afficher leur autorité face aux vingt-sept capitales qui ont choisi les commissaires; et face au président de la Commission, qui a réparti les portefeuilles."

Ces auditions ne sont pas qu'une simple formalité. "Derrière l'écran de fumée diplomatique, se cache un chaudron bouillant d'émotions", écrit le quotidien polonais Polska. Pour certains des candidats, l'exercice pourra en effet s'avérer "particulièrement éprouvant", remarque le quotidien roumain Evenimentul Zilei. Notamment pour le Roumain Dacian Ciolos, proposé pour le portefeuille de l'Agriculture, et la Bulgare Roumiana Jeleva, désignée pour la Coopération et l'aide humanitaire. Ciolos devra "faire la paix entre les intérêts des conservateurs qui soutiennent les subventions directes aux agriculteurs et ceux des libéraux, qui souhaitent la réforme de la Politique agricole commune". Et Roumiana Jeleva ne pourra ignorer les rumeurs qui prêtent à son mari des liens avec le crime organisé bulgare. Autre candidat sur la sellette selon Polska, le Slovaque Maroš Šefčovič, désigné pour les Relations inter-institutionnelles et l'Administration. Diplômé d'une prestigieuse école moscovite où le KGB recrutait ses agents, il est vivement critiqué dans les rangs du PPE (Parti populaire européen) qui a formellement annoncé qu' "une personnalité ayant eu des liens avec un régime autoritaire dans le passé ne pouvait pas devenir commissaire européen", rappelle le quotidien polonais. "L'audition de Michel Barnier, nommé au Marché intérieur et aux Services financiers,*sera elle suivie de près par la presse britannique qui vérifiera si le Français compte imposer des mesures restrictives à la City",* remarque euobserver.com.

Première à entamer les auditions, la vice-présidente de la Commission et Haut représentant à la politique étrangère, Catherine Ashton, risque, quant à elle, de s'attirer "les feux croisés des eurosceptiques britanniques, qui lui reprochent d'être travailliste, et des euro-enthousiastes continentaux, qui ne digèrent pas que le visage de la diplomatie européenne puisse être britannique", souligne Le Figaro. Toutefois, si l'une des vingt-six auditions pose problème, il est probable que le président de la Commission ne s'acharne pas l'imposer. "José Manuel Barroso garde un souvenir pénible de son entêtement en 2004 : les eurodéputés menaçaient de torpiller toute l'équipe en refusant l'Italien Rocco Buttiglione, jugé inapte au portefeuille de la Justice du fait de sa vision rétrograde de l'homosexualité", rappelle le quotidien français. Finalement l'Italien avait dû tirer sa révérence.

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