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Des eurodéputés italiens de la Ligue du Nord lors de la discussion d'une résolution sur la liberté de la presse, en octobre 2009. (AFP)

Les “Occidentaux” encore maîtres de l’outrance

On connaissait les écarts de langage des eurodéputés populistes des nouveaux pays membres, entrés à Strasbourg en juin dernier. C'était sous-estimer leurs collègues d'Europe occidentale, observe România liberă.

Publié le 9 mars 2010 à 10:51
Des eurodéputés italiens de la Ligue du Nord lors de la discussion d'une résolution sur la liberté de la presse, en octobre 2009. (AFP)

"Vous avez le charisme d'une serpillère humide et l'allure d'un petit employé de banque". Les eurodéputés qui, fin février, s'attendaient à une séance plénière des plus classiques, pendant laquelle ils rencontreraient pour la première fois le nouveau - et tout premier - président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, sont restés bouche bée face à la violence verbale du britannique Nigel Farage, du UK Independence Party (UKIP, eurosceptique) qui a aussi qualifié Van Rompuy d'"assassin tranquille de la démocratie européenne". Tout cela parce qu'il vient "d'un non-pays", la Belgique.

Ceux qui, au vu des résultats des élections européennes de 2009, avaient prédit que le fonctionnement de l'assemblée allait être perturbé par l'afflux de politiciens est-européens catalogués comme extrémistes (Roumains, Bulgares, Hongrois, Polonais, etc.) n'ont pas vu leurs prédictions se réaliser : les élus de ces pays se sont révélés timidement polis et se sont fondus dans la petite galaxie des indépendants, alors que les joutes verbales se sont avérées être l'apanage des "Occidentaux", qu'il s'agisse du populiste islamophobe néerlandais Geert Wilders, ou des eurosceptiques britanniques.

Les "fausses bonnes manières des Occidentaux"

Après sa tirade contre Van Rompuy, le président du Parlement, l'aimable conservateur polonais Jerzy Buzek, a convoqué Farage et lui a demandé de s'excuser. Ce à quoi le Britannique a ajouté que, s'il devait présenter des excuses à quelqu'un, ce serait aux "petits employés de banque" qu'il a comparés au président du Conseil, alors qu'ils ne méritaient pas d'être humiliés de la sorte. A court d'arguments, le policé Buzek, ancien membre du syndicat Solidarité, a fait savoir qu'il avait imposé à Farage une amende, en gèlant son indemnité de député pour 10 jours - l'équivalent de 3 000 euros. Dérisoire !... Malgré cela, Farage a officiellement contesté la sanction, affirmant ne pas comprendre où était le problème et prolongeant ainsi le spectacle.Dans la vie parlementaire britannique, a expliqué Farage, de telles interpellations vigoureuses sont courantes, les députés s'interrompent et s'insultent, ce qui, après tout, fait partie du jeu de la démocratie.

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Les "Occidentaux", avec leurs fausses bonnes manières, pervertissent la bonne marche de la démocratie parlementaire, en déplaçant le débat du fond - Van Rompuy n'a aucun charisme et a été un très mauvais choix pour la présidence de l'UE - vers la forme: Van Rompuy est une "lavette" et un "assassin de la démocratie". On entend le même genre de discours, aussi durs et entremêlés d’allusions xénophobes et liberticides, de la part de certains partis de la droite populiste italienne - où elle est au pouvoir - et des Pays-Bas, où le Parti pour la liberté de Wilders semble être en bonne position pour arriver au pouvoir lors des législatives de juin prochain. Comparés à ces ténors décomplexés, nos Corneliu Vadim Tudor et Gigi Becali ou leurs confrères nationalistes bulgares de l'Ataka semblent polis et timorés. Nous avons, en somme, encore des choses à apprendre des Européens, même sur l'art d'être bouffon en politique.

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