Athènes, mars 2010. Manifestation de protestation contre les mesures d'austérité du gouvernement.

Les voisins d’Athènes inquiets des conséquences de la crise

Plusieurs pays regardent l'évolution de la situation économique de la Grèce avec appréhension : soit parce qu'ils sont très liés économiquement à Athènes, soit parce qu'ils craignent que la crise grecque ne reporte leur adhésion à la monnaie unique.

Publié le 12 avril 2010 à 12:16
Athènes, mars 2010. Manifestation de protestation contre les mesures d'austérité du gouvernement.

Dans les Balkans, on estime que "le soutien à la Grèce est un grand soulagement", comme le remarque Die Presse, après le feu vert des pays de la zone euro à un plan de sauvetage des finances publiques grecques. La Grèce contrôle en effet une grande partie de leurs marchés financiers, explique le quotidien viennois : en Bulgarie 30% des banques appartiennent à des sociétés de crédit grecques ; en Albanie 50% du secteur financier est contrôlé par les banques helléniques. La Grèce a ainsi longtemps été un modèle et un moteur de croissance pour les Balkans. Les Grecs ont investi plusieurs milliards d'euros dans les Etats de la région : alors que 17 000 Bulgares travaillent pour des entreprises grecques dans leur pays, plus de 100 000 emplois en Bulgarie dépendent des investissements grecs.

Les exportations bulgares sont également menacées, car la Grèce est le quatrième plus grand acheteur des produits bulgares. “La crise grecque devrait également avoir de très lourdes conséquences sur les travailleurs saisonniers", ajoute Die Presse. Rien qu'en Bulgarie, leur nombre est estimé à 150 000 personnes, à 650 000 en Albanie. "Des familles entières dépendent des salaire de ces serveurs, femmes de ménages et aide moissonneurs venant des Balkans et travaillant en Grèce", s'inquiète le journal.

"La crise grecque va-t-elle lever de nouvelles barrières et empêcher l’adhésion de certains pays à la zone euro ? Les Etats d’Europe centrale qui se sont conduits de manière responsables et qui répondent aux critères d'adhésion à l'euro, se verront-ils, à cause de la Grèce, opposer un refus ? Les Grecs seraient sauvés, et donc récompensés pour leur irresponsabilité, tandis que les Estoniens et les Bulgares seraient, eux, punis, alors qu'ils ont été responsables ?" demande l’hebdomadaire roumain Dilema Veche, selon lequel parmi les dommages collatéraux provoqués par la crise grecque, il y a le probable report de l’adhésion de l’Estonie et de la Bulgarie – mais aussi de la Roumanie – à la zone euro, même si ces pays ont eu un comportement relativement vertueux.

Justement, la vertu supposée de la Bulgarie vient d'être mise à mal par les récentes révélation sur le déficit bulgare : selon euobserver.com, le gouvernement bulgare a annoncé avoir découvert des "annexes et des contrats cachés" hérités de l'exécutif précédent, qui ont fait bondir la dette publique pour 2009 des 1,9% estimés à 3,7% du PIB, au-delà donc des 3% requis pour les membres de la zone euro et les pays candidats. De "bon élève", promis au groupe de tête des candidats à l'adhésion à la zone euro, la Bulgarie se retrouve ainsi dans les limbes. "Le 11 avril", poursuit le site paneuropéen basé à Bruxelles, "le ministre des Finances a déclaré que les révélations vont reporter les ambitions du pays envers l'euro, sans toutefois en marquer la fin".

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Vu de Grèce

Le feuilleton semble toucher à sa fin

C'est, en tout cas ce qu'espère la plus grande partie de la presse nationale hellénique. Il aura fallu plusieurs mois de grandes frayeurs et l'affolement des marchés autour de la dette grecque pour "pousser l'Europe a se doter d'une arme", comme le souligne le quotidien de centre gaucheTa Nea. "L'arme est à présent sur la table et chargée a bloc et nous pouvons l'utiliser a tout moment" poursuit le quotidien en référence au mécanisme d'aide à la Grece. Le 11 avril, les pays membres de la zone euro (eurogroupe) se sont accordés sur le montant à prêter à la Grèce. L'occasion pour Ta Nea de faire sa Une sur "le verdict dit 45" et expliquer que le "mécanisme de l'aide est le résultat de la collaboration entre UE et FMI. Les membres de l'eurogroupe feront un prêt de 30 milliards d'euros et le FMI de 15 milliards d’euros pour l'année 2010. Et ce à un taux de 5%". "Il était temps que l'Europe se ressaisisse" noteTo Ethnos qui croit savoir que la participation du FMI sera croissante et "ira jusqu’à 50 milliards d'euros". Une information qui fait la manchette d'Eleftherotypia. Cet autre quotidien de gauche parle de "bol d'air pour la Grèce" mais rappelle qu'"au delà du test des marchés, ceci reste un test pour le pays. Le plan d'austérité du gouvernement suscite une grogne sociale importante. Le 22 avril prochain, le syndicat des fonctionnaires a appelé à la grève, dans l'attente de la décision des syndicats du privés".

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