La Roumanie au banc des accusés

Engluée dans des polémiques internes sur l’avenir de son organisme anti-corruption, Bucarest est sévèrement critiquée par Bruxelles. La presse locale s'interroge : les Roumains sont-ils plus mal traités que les Bulgares, les autres mauvais élèves de l'UE ?

Publié le 21 juillet 2010 à 13:43

Dans son dernier rapport sur la situation de la Justice en Roumanie et en Bulgarie, publiée le 20 juillet, la Commission européenne vante les progrès bulgares et pointe Bucarest du doigt. Bruxelles critique en particulier le Sénat roumain, coupable d'avoir "mutilé la loi sur l'Agence nationale pour l'intégrité". En juin dernier, cette assemblée a réduit les compétences de l’institution jusqu’alors chargée de vérifier les déclarations de fortunes des hauts dignitaires roumains et au besoin de saisir le Parquet.

Aucun acte du feuilleton qui se joue à Bucarest ne trouve grâce aux yeux de la Commission : ni le fait que la Cour constitutionnelle ait jugé contraire à la Constitution la loi établissement les règles de fonctionnement de l’ANI, ni que la loi votée en juin fasse de l’ANI une simple marionnette, en lui enlevant la plupart des attributions. De plus, elle a gravement sanctionné le fait que plusieurs parlementaires et ex-parlementaires roumains, accusés de corruption, ne soient toujours pas passés devant les juge ou que les procès sont trop longs.

"L'ANI n'est pas une institution que l'on retrouve dans la plupart des Etats membres. Et pourtant, la réduction de ses compétences a engendré une réaction dure de la part de la Commission, s’étonne Adevarul, Si les autres ont moins de corruption sans ANI, pourquoi l'UE fait tout un tas ?" Alors que la Cour constitutionnelle a de nouveau été saisie à propose de la loi sur l’ANI, cette fois par le président Traian Basescu en personne, le quotidien constate que "si en Roumanie on vole avec des papiers en règle, il est évidemment difficile de trouver une trace de corruption". "Où se trouve vraiment le siège de la corruption en Roumanie ? ", s’interroge-t-il également. "C'est dans la nature spéciale de la corruption, car ces 20 dernières années, il s’est développé chez nous un système par lequel elle devient un phénomène légal ! ".

Des craintes pour l'adhésion à l'espace Schengen

Pourtant,rapporte Gândul, "Traian Basescu est sorti des ses gonds par la mention qui dit que la Roumanie n'a pas respecté ses engagements envers l’UE". "Une telle formule est inadmissible", a affirmé le président, cité par le quotidien. Pour montrer sa bonne volonté, Basescu a décidé de rappeler le Parlement le 1er août afin d'adopter d’urgence une loi sur l’ANI modifiée en conséquence. Dans le même temps, raconte Gândul, Traian Basescu a promis un contre-rapport qui sera envoyé à tous les Etats membres de l’Union. "J'ai déjà informé le président Barroso", a ainsi confirmé le président roumain, qui se pose aussi la question de savoir si la Commission "n'a pas l'intention d'interférer dans le problème de l'adhésion à l'espace Schengen" [prévu début 2011 pour la Roumanie], car comment voir autrement "l'extension du rapport dans des domaines comme l'acquisitions publiques?"

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"Reste que la Roumanie est encore une fois à la traine, derrière la Bulgarie, conclut Jurnalul national. Les appréciations du 20 juillet, ne pouvaient plus avoir un ton plus différent envers les deux pays, observe le quotidien. Même en ce qui concerne le crime organisé, un de plus grands problèmes de Sofia, la Commission remarque des gestes significatifs, malgré une lenteur d'escargot en ce qui concerne le déroulement des procès ! "

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