Idées Conseil européen

L’Europe fédérale ne passe pas l’hiver

Le dernier sommet européen de l’année ne prendra pas le chemin d’une union économique et monétaire plus étroite. La faute à Berlin et Paris, qui se sont mis d’accord pour enterrer la feuille de route que leur présentait Herman Van Rompuy. Le débat sur le futur de l’Union est renvoyé à 2014, après les élections allemandes et européennes.

Publié le 13 décembre 2012 à 15:37

François Hollande et Angela Merkel viennent de jouer un très mauvais tour à l’Union européenne. Le couple franco-allemand, pour une fois d’accord, a décidé hier d’enterrer un débat stratégique sur l’avenir de l’Europe. Un débat reporté, confisqué ou plutôt interdit.

Les Vingt-Sept avaient pris l’engagement qu’avant la fin de l’année une “feuille de route” politique serait adoptée : elle devait préciser les grandes étapes d’une “intégration solidaire” - pour reprendre une expression sibylline chère au président Hollande. Quelle solidarité financière, quelle capacité budgétaire commune, quel contrôle démocratique ?

Fuite en avant ...

Il ne s’agissait pas de tout trancher, ni de s’engager dans une fuite en avant irresponsable, mais de mettre en mouvement toutes les institutions de l’Union et, surtout, d’ouvrir un grand débat à ciel ouvert. Pour au moins deux raisons : la survie de la zone est à ce prix, les Vingt-Sept n’ont évité la catastrophe qu’en décidant, à chacun des sommets dits “de la dernière chance”, un pas supplémentaire en matière de solidarité financière entre Etats membres ; mais cette navigation à la godille - et c’est la seconde raison - s’est faite sous la contrainte des marchés, sans vision politique et, surtout, dans le dos des opinions publiques.

... et politique de l’autruche

En désaccord sur les contours d’un nouveau fédéralisme européen, Français et Allemands ont préféré la politique de l’autruche : Angela Merkel entre dans une période électorale et ne veut plus prendre le moindre risque ; et François Hollande ne redoute rien de plus que de raviver de vieilles blessures dans sa majorité. Fermez le ban. Mais cette petite politique repose sur des postulats hasardeux, comme si la crise était définitivement derrière nous et que les peuples pouvaient se contenter d’une austérité à courte vue.

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Vu du Portugal et d'Italie

Un sommet décisif - encore un

Le Conseil européen d’aujourd’hui et demain va discuter d’une feuille de route pour réformer et compléter l’Union économique et monétaire, qui sera décisive pour sortir de la crise de la zone euro”, écrit Maria João Rodrigues dans Público. Selon elle,

après trois ans de mesures en-deça du nécessaire qui ont laissé la crise se répandre, des propositions de grande envergure sont enfin sur la table, dans lesquelles le Portugal doit intervenir activement […] afin d’éviter que la logique intergouvernementale s’impose dans le processus de décision, car il favorise les pays les plus forts. Seule la méthode communautaire, basée sur l’initiative de la Commission européenne et le rôle du Parlement, assure au mieux l’égalité des Etats membres et des citoyens, aujourd’hui très dégradée.

Ce dernier sommet […] d’une année difficile que l’UE clôt dans une atmosphère de sombres inquiétudes et d’alarmantes incertitudes sur à peu près tout. Sur son avenir, sur son identité, son intégration ou sur son rêve fédéral”, écrit Enzo Bettiza dans La Stampa. Pour l’éditorialiste italien, le sommet des 13 et 14 décembre

continuera de se morceler pendant 48 heures dans les confidences de couloir et les discrètes rencontres bilatérales. Après avoir évité l’écueil grec et suspedu pour le moment la question du déficit espagnol, c’est dans l’intimité diplomatiques des dîners privés que les principaux protagonistes du sommet, les Français et les Allemands, affronteront les deux “incidents” majeurs qui menacent aujourd’hui la cohésion de l’UE : la dérive politique de l’Italie et la contestation eurosceptique et anti-bureaucratique du Royaume-Uni.

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