Si vous n'en possédez pas un comme ça, inutile de songer à venir. Yachts dans le port de Tivatin, au Montenegro.

Vous êtes riches ? Bienvenue au Monténégro !

Pressé de pouvoir intégrer l'UE, le pays tente de redorer son image écornée par la corruption, et fait tout son possible pour attirer les investisseurs étrangers.

Publié le 26 août 2010 à 15:39
Alex FotoMoto/Flickr/CC  | Si vous n'en possédez pas un comme ça, inutile de songer à venir. Yachts dans le port de Tivatin, au Montenegro.

C’est mieux que Saint-Tropez”, s’est exclamé Milo Djukanovic, le Premier ministre du Monténégro, admirant les yachts amarrés dans cette baie bordée de montagnes, sur la côte est de l’Adriatique. On en est pourtant loin. Une chose est sûre, cependant : si lui et les milieux d’affaires étrangers qui le soutiennent parviennent à leurs fins, Porto Montenegro, le grand complexe en construction dans le port de Tivat, dont seuls 20 % sont terminés, pourrait devenir le nouveau terrain de jeu des super-riches et la pièce maîtresse de l’audacieux plan d’action mis en œuvre par le petit Monténégro pour en finir avec son image de pays corrompu, et obtenir son adhésion à l’Union européenne.

Soucieux d’attirer des investisseurs du monde entier, Djukanovic, qui est par ailleurs président de l’agence nationale pour l’investissement, a annoncé la semaine dernière que quiconque investissait 500 000 euros ou plus pourrait acquérir la nationalité monténégrine. “Nous ne voulons pas ici de projets d’investissements médiocres”, a lancé le Premier ministre en monténégrin devant un parterre d’hommes d’affaires et de dirigeants politiques sirotant du champagne, accompagnés de leurs épouses et petites amies, lors d’une cérémonie donnée samedi soir à l’occasion de la fin de la première grande phase de travaux du port de Tivat. “Le Monténégro est appelé à devenir l’une des destinations touristiques les plus cotées de la planète”, a-t-il poursuivi.

Avantages fiscaux alléchants

Le Monténégro, avec 670 000 habitants et une superficie équivalente à la moitié de la Belgique, n’a accédé à l’indépendance qu’en 2006. Avec ses montagnes à perte de vue qui dévalent en falaises abruptes dans l’Adriatique, ce pays est bien “la plus belle rencontre entre terre et mer” qu’y voyait déjà Lord Byron. “Ce pays est à vendre, déplore toutefois Vanja Calovic, qui dirige Mans, une organisation de lutte contre la corruption affiliée à Transparency International. Le Monténégro est en train de vendre tout ce qu’il possède, et je ne sais pas au juste ce que le pays en tire vraiment.

Le gouvernement de Djukanovic est évidemment plus que favorable aux investissements. Les impôts sur les sociétés et sur les revenus, à 9 %, sont parmi les plus faibles d’Europe. Et dans le but de faciliter le projet de développement du port de Tivat, le Parlement a ramené la TVA sur les activités portuaires de 17 % à 7 %, décision qui a valu au pays un sermon de la Commission européenne, qui l’a jugée contraire aux règles de concurrence. La plus grande entreprise monténégrine, KAP, un fabricant d’aluminium qui assure près de la moitié des exportations, a été revendu en 2005 à un investisseur russe, le milliardaire Oleg Deripaska (également investisseur minoritaire dans Porto Montenegro), dans le cadre d’une transaction qui reste aujourd’hui controversée.

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Les partisans du gouvernement estiment que, dans un monde où la concurrence pour les investissements étrangers fait rage, les petits pays comme le Monténégro doivent abattre toutes les barrières pour attirer les capitaux. Beaucoup assurent cependant que les talents de camelot de Milo Djukanovic témoignent d’une collusion entre affaires et politiques qui met en évidence le risque de corruption et de tractations suspectes.

"La corruption demeure un problème grave"

Selon des documents officiels, le premier ministre n’est payé que 1 256 euros par mois, mais ses détracteurs assurent depuis longtemps que lui ainsi que d’autres parlementaires complètent ces bas salaires grâce à leur entregent dans les milieux d’affaires. En 2006, quand Djukanovic a quitté temporairement son poste de Premier ministre tout en conservant son siège au Parlement, il a monté une société d’investissements immobiliers, même s’il n’en gère plus les affaires.

Homme imposant de 1,92 m, Milo Djukanovic a ce pays entre ses mains depuis 1991, bien avant qu’il n’accède à l’indépendance. L’homme n’a jamais cessé, depuis lors d’occuper de hautes fonctions dans un domaine ou un autre et exerce aujourd’hui son sixième mandat de Premier ministre. Selon le Projet d’évaluation du crime organisé et de la corruption, Djukanovic a reconnu avoir participé à la gestion d’une société de vente de tabac dans les années 1990, durant la guerre qui suivit la désintégration de la Yougoslavie, mais il a toujours nié toute accusation d’activités illicites.

Dans son rapport de 2009 sur le processus d’adhésion du Monténégro à l’UE, la Commission européenne a estimé que "la corruption reste répandue dans de nombreux secteurs et demeure un problème grave". Le gouvernement a enregistré des améliorations dans la lutte contre la corruption, souligne toutefois le vice-premier ministre Igor Luksic, et il s’est doté récemment d’un plan d’action pour s’attaquer aux problèmes soulevés par l’Union.

Il a beau dérouler le tapis rouge aux riches étrangers, le Monténégro n’est pas un pays où l’on fait facilement de l’argent. Outre les risques inhérents à la plupart des marchés émergents en Europe, sa superficie limitée et son petit cercle d’influence très fermé ont de quoi faire réfléchir les investisseurs.

Albanie-Grèce

Les relents nationalistes albanais inquiètent Athènes

Il y a quelques jours, un Grec a été assassiné dans la ville albanaise de Heimaras. "Certains sites Internet ont érigé son meurtrier en héros", rapporte Giorgos Delastik dans le quotidien grec To Ethnos, qui dénonce un "climat anti-grec lourd" entretenu par les médias albanais et les "positions parfois enflammées" du Premier ministre albanais Sali Berisha. Selon lui, le sentiment nationaliste albanais a été renforcé par la récente décision de la Cour internationale de justice de La Haye de reconnaître le caractère légal de l’indépendance du Kosovo, malgré l’utilisation des armes. Il s’inquiète également du fait que la haine raciste se double d’intérêts économiques pour les biens des Grecs. Enfin, il rappelle que ce climat de violence est aussi favorisé par les innombrables histoires d‘Albanais maltraités en Grèce.

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