Une île qui touche le fond

Arrivé largement en tête du premier tour de la présidentielle, ce 17 février, le conservateur Nikos Anastasiadis est bien placé pour succéder au communiste Dimitri Christofias. Son premier objectif : négocier un difficile plan de sauvetage afin d’éviter que Chypre ne sombre définitivement, entraînée par la faillite de ses banques.

Publié le 18 février 2013 à 16:23

Comme dans le cas de la Grèce - pays qui n’est d’ailleurs pas sans ressemblance avec Chypre - le sauvetage en cours de ce petit territoire européen ne serait pas une nouvelle, si ce n’était l'opposition de l’Allemagne et d’autres créanciers de la zone euro. Ils sont nombreux, dans leurs parlements respectifs, à réclamer de laisser sombrer l’île méditerranéenne et de la rayer définitivement de la carte de la monnaie unique. Ce sont les mêmes qui mettent en question l’aide européenne aux banques espagnoles et qui s’indignent de la tiédeur des réactions officielles face aux affaires de corruption qui frappent les partis politiques et les institutions publiques en Espagne.
Face au naufrage chypriote, les épargnants du nord de l’Europe refusent que leur argent serve à garantir les coquets dépôts de riches Russes qui profitent des avantages financiers de l’île et, au passage, de son soleil hivernal. Les détracteurs de ce mini-sauvetage rappellent aussi, et cette fois à juste titre, que Chypre n’aurait jamais dû entrer dans l’Union tant que le problème de sa partition n’était pas résolu.

Panicos à la Banque centrale

Reste qu’aujourd’hui, une aide européenne est devenue inévitable. L’Etat chypriote, comme les banques du pays, sont endettés jusqu’au cou, notamment en créances publiques grecques sur lesquels ils s’étaient rués. Le tableau ne serait pas complet sans une petite touche surréaliste, apportée il y a quelques mois avec la désignation d’un nouveau gouverneur pour la Banque centrale chypriote du nom de Panicos.
La Banque centrale européenne n’a pas besoin qu’on se livre à des expériences, fussent-elles modestes, qui risqueraient de craqueler la fragile confiance dans la zone euro. Pour l’heure, Mario Draghi a donc convaincu les gouvernements européens de procéder à une restructuration de la dette chypriote en s’inspirant du précédent grec, mais en veillant à ne pas porter préjudice aux particuliers ayant des dépôts à Chypre afin d’éviter des fuites de capitaux massives.
La Russie, en toile de fond de ce petit drame, participera financièrement à l’opération – ce n’est pas pour rien qu’elle vient en aide à son île méditerranéenne préférée depuis 2011. Il faut en tout cas l’espérer.

Vu de Nicosie

Après la division, la faillite

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“Pour la première fois dans l’histoire récente du pays, la campagne n’a pas été marquée par le problème de division de l’île mais par les risques de faillite”, [écrit O Phileleftheros] au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle, le 17 février. Le quart du pays est occupé par l’armée turque depuis 1974 et aucun président n’est arrivé à une solution viable pour le moment. Ainsi, [note son confrère Politis],

quel que soit le vainqueur, le nouveau président chypriote sera contraint de placer le pays sous tutelle budgétaire de l’Union européenne et du FMI, comme la Grèce, pour obtenir cette fois, un prêt de 17 milliards d’euros et éviter la faillite.

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