"Union bancaire"

Un nouveau test pour la zone euro

Mutualiser dès à présent les dettes des banques de la zone euro, comme le souhaite la BCE, ou attendre que chaque pays ait fait le ménage chez lui, comme l’exige Berlin ? Il faut faire les deux, estime l’Eurogroupe. Reste à savoir comment les concilier.

Publié le 16 mai 2013 à 11:36
"Union bancaire"

L'union bancaire est aujourd'hui un test sur l'avenir de la zone euro. Si elle progresse, alors ce sera un signe encourageant ; le contraire ne serait pas une bonne nouvelle. Il n'empêche que si l'Europe est sûrement la solution, les choses sont plus complexes qu'il n'y paraît car les positions nationales et institutionnelles divergent.

La question fondamentale est de savoir comment elle [l’union bancaire] fera face à une dette bancaire élevée, et peut-être inconnue à l'avenir. L'Allemagne pose la question simplement : qui prendra en charge le bilan d'une banque lorsque celle-ci court à la faillite (comme Bankia) et, par ailleurs, qui devra garantir les dépôts d'une entité problématique ?

Les deux étapes voulues par Schäuble

Il s'agit là de problèmes réels, commençons par les résoudre à l'échelle nationale, estime Berlin. La BCE affirme de son côté que l'union bancaire doit aller de l’avant. La polémique est positive, car la résolution de véritables problèmes ne sera pas imaginaire. L'Europe est maintenant à l'heure du réalisme pur et non des déclarations. C'est un vrai défi.

Nous faisons face à une nouvelle vague de scepticisme européen, d'autant plus qu'on risque d'assister au dépeçage de la zone – avec le Nord d'un côté et le Sud de l'autre – mais les faits ne permettent pas de confirmer cette idée. Les réunions financières internes sont si transparentes qu'au sein même de l'Allemagne le débat vit des rebondissements entre [le ministre des Finances] Wolfgang Schäuble et le conseiller allemand Jörg Asmussen, responsable des relations internationales à la BCE.

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Pour Schäuble, les banques européennes renferment beaucoup de crédits toxiques cachés et attribués à des entreprises et des institutions publiques. Si l'union bancaire est mise en place de façon précipitée, le fonds financier devant garantir l'équilibre général serait alors surchargé de dettes irrécouvrables. Pour cette raison, Wolfgang Schäuble demande un processus en deux étapes : il faut d'abord mener une opération d'assainissement à l'échelle nationale, avec toutes les réformes et les ajustements que cela suppose, puis ouvrir la voie aux futurs risques de la zone euro. En d'autres termes, la dette ne disparaîtra pas par l'opération du saint-esprit en la déplaçant chez les autres – c'est-à-dire les contribuables des pays de la zone euro – car chacun doit assumer sa dette. C'est le principe de la responsabilité.

Agir tous ensemble

La BCE, si l'on en croit Jörg Asmussen, a la capacité de conjuguer la supervision bancaire qui lui sera attribuée et la détection des risques au sein du système qu'elle surveille, ce qui lui permettrait ainsi d'amorcer leur neutralisation. En ce qui concerne les responsabilités liées aux demandes des personnes touchées par la liquidation d'une banque, la question reste ouverte, de même que la gestion d'un fonds de soutien pour les banques qui en ont besoin. Tout doit et peut être mené de front. Et il faut agir tous ensemble.

Malgré le bruit et la confusion qu'engendre cette polémique, l'Eurogroupe a admis que les objections allemandes étaient raisonnables, tout en poursuivant le processus d'intégration bancaire. Il a probablement compris que la nouvelle normalité n'est pas le résultat de la complaisance, mais d'une réévaluation des exigences de la mondialisation.

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