Mesdames et Messieurs, il est temps d'avoir un alphabet plus long.

Des réformes à l’envers

La zone euro et le FMI ont décidé, le 8 juillet, d’accorder une nouvelle tranche d’aide à Athènes, en contrepartie du licenciement de 15 000 fonctionnaires. C’est le meilleur moyen de perdre le soutien des citoyens à la nécessaire réforme des services publics, regrette un éditorialiste.

Publié le 9 juillet 2013 à 15:22
Mesdames et Messieurs, il est temps d'avoir un alphabet plus long.

La réforme en profondeur de l'administration publique est urgente et c'est une priorité pour le pays. L'évaluation des structures et des personnes, ainsi que leur mobilité doivent être des institutions permanentes pour le fonctionnement du service public.
Ce n'est que comme ceci que nous construirons un Etat moderne, productif et efficace. Cela concerne toutes les réformes. Parce que si elles se font au bénéfice du peuple grec, elles devraient avoir une répercussion positive.Mais comme elles sont parfois faites de manière désordonnée, elles entraînent la méfiance d'un peuple qui devrait les soutenir.
Prenons l'exemple de la procédure de changement engagée dans la fonction publique. Le but premier, par exemple, est le licenciement de 15 000 fonctionnaires. Pour ne pas froisser l'opinion, on parle d'évaluation, de mobilité, bref tout pour atteindre un but déjà établi : les licenciements ! Cela est réducteur pour l'institution et crée des méfiances et un climat politique et social négatif, au moment où il faut moderniser.

Incapacité à réparer les pots cassés

D'autant que la "procédure d'urgence" a été engagée sans qu'il en découle un bénéfice structurel. Donc, en réalité, une procédure très sérieuse est amoindrie, tout cela parce que la troïka continue de faire pression avec ses étranges obsessions idéologiques. Or le danger d'une telle procédure risque de mettre en péril le fonctionnement des mairies, des écoles, des hôpitaux et d'autres services publics. La gestion des réformes à effectuer sont un élément de la réussite-même de ces réformes. Il est difficile de faire des réformes en ayant presque tout le monde contre soi. Nous avons bien vu la mauvaise gestion de la fermeture de la radio-télévision publique. Maintenant les membres du gouvernement courent et n’arrivent pas à réparer les pots cassés.
Malheureusement, les trois ans et demi qui viennent de s’écouler ont entendu sur tous les tons la rhétorique de "la réforme", le fait que le fonctionnement du service public est de pire en pire et que ce sont les citoyens qui en paient le prix fort. Cela rend ces citoyens encore plus méfiants...

Vu de Madrid

“Un modèle pervers”

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Le déblocage d’une nouvelle tranche d’aides de 6,8 milliards d’euros accordés à la Grèce n’est rien d’autre qu’"une spirale récidiviste", écrit El País. Pour le quotidien espagnol,

le modèle Grèce-UE continue : non-respect des engagements, plus de compromis et déblocage de l’aide. Le scénario récurrent se déroule [toujours de la même façon]. Premièrement, la troïka conclut qu’un gouvernement sous intervention n’a pas réussi à honorer les conditions convenues. Deuxièmement, le gouvernement en question cherche un compromis par lequel il cherche à compenser les objectifs non atteints par de nouvelles mesures - coupes, réformes, ou les deux - ou il propose de modifier le calendrier pour faciliter le déblocage de l’aide européenne. [...] Il n’y a pas à déguiser la réalité de ce modèle : des pays sous perfusion d’un plan de sauvetage sont soumis à une forte pression qui aggrave leur tendance à ne pas tenir leurs engagements (Grèce) et/ou qui ébranle les gouvernements qui imposent les coupes demandées (Portugal). Nous devons également garder à l’esprit la position pour le moins incohérente de ceux qui fournissent l’aide : d’un côté, ils insistent sur la nécessité d'appliquer des mesures d’austérité dans les pays en difficulté et de l’autre, ils concluent, comme le FMI, que l’austérité aggrave leurs problèmes.

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