Idées Sommet de l’OTAN
L’OTAN : “Qui m’a réveillé ?”

Pour un retour aux fondamentaux

La première grande réunion de l’OTAN depuis que la crise ukrainienne a éclaté commence ce 4 septembre à Newport, au Royaume-Uni, dans un climat de tension. Les pays d’Europe centrale et orientale exigent que l’Alliance réagisse, face à une Russie qui semble ne plus avoir de scrupules à menacer l’Occident.

Publié le 3 septembre 2014 à 22:15
L’OTAN : “Qui m’a réveillé ?”

Le sommet de l’OTAN de Newport (Pays de Galles) - les 4 et 5 septembre -, a toutes les chances de devenir historique. C’est en effet la première grande réunion de l’Alliance depuis que la Russie a annexé la Crimée et déstabilisé l’Ukraine, portant ainsi un coup au statu quo de la sécurité européenne. La pression constante de la Russie sur le flanc Est de l'Union européenne, le changement forcé des frontières en Europe, ainsi que les troubles au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, sont à l'ordre du jour de la réunion.

À l’occasion de ce sommet, il serait souhaitable que l’Article 5 du Traité de Washington [selon lequel attaquer un pays membre de l'OTAN équivaut à attaquer tous les autres] devienne crédible et que l’Alliance retrouve sa raison d’être : la défense du territoire. Mais s'agira-t-il à nouveau d'un sommet farci de grandes déclarations, de concepts ambigus (du genre "défense intelligente"), de slogans vides de substance ("faisons plus avec moins") ? Ce sommet sera-t-il marqué par la réaffirmation de l’objectif — minime mais impossible à atteindre — de 2% du PIB des pays membres consacrés à la défense ? Ou [[est-ce qu’enfin, lors de ce sommet, des décisions courageuses seront prises, comme le déploiement de bases et d’unités de l’OTAN sur le flanc oriental, ou encore l’élaboration de mécanismes de responsabilisation des Etats ?]]

Les messages envoyés jusqu’à présent indiquent que les décisions à venir respecteront l’Acte Fondateur OTAN-Russie, [selon lequel l’OTAN affirme ne pas viser une politique de stationnement permanent de forces importantes sur les territoires des pays membres], et ce malgré les pressions des pays Baltes, de la Pologne ou encore de la Roumanie, qui préfèreraient des mesures symboliques visant à accroître la force de réaction de l’OTAN.

Train Băsescu, le président roumain, a tenu à mettre en garde : s’il appuie la démarche visant un équilibre des ressources militaires de l’Alliance sur le territoire de l’UE, il n’entend pas soutenir “une diminution des ressources du flanc oriental [Pologne, Roumanie], au profit des ressources allouées aux pays du Nord [les Pays Baltes]”. Mais la Roumanie serait-elle vraiment capable de bloquer le Conseil nord-atlantique si les mesures favorisaient le flanc du Nord ?

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Dans la “Nouvelle Europe”, les choses sont très claires : l’époque de "la fin de l’histoire", du Woodstock géopolitique, de la recherche à tout prix d’une relance des relations avec Moscou, est révolue. La Russie a violé presque tous les principes fondateurs de la sécurité européenne. L'Ukraine en 2014 et la Géorgie en 2008 ont rappelé que l’ancienne culture stratégique des sphères d’influence, de la souveraineté limitée, de l’agression diffuse et du révisionnisme territorial, n’a pas du tout été exorcisée. Et ce malgré vingt ans de consolidation de l’interdépendance économique entre l’Europe et la Russie.

L’OTAN devrait retourner à ses fondamentaux, à ce qui l’a consacrée en avril 1949 : la défense collective. Il serait judicieux de donner une crédibilité à l’article 5 du Traité de Washington en multipliant les bases et les forces de l’OTAN sur le flanc oriental. Mais cela suggère de repenser l’Acte fondateur OTAN-Russie. Jadis, le compromis consistait à fortifier le flanc exposé [aux menaces russes] en déployant rapidement des forces militaires. Or là est le problème : l’Alliance n’est pas en capacité de répondre à un blitzkrieg [une guerre éclair].

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