Un bénévole enregistre les passeports des réfugiés au campement de Choucha (Tunisie), en mars 2011.

Le guichet unique a du mal à ouvrir

L’UE vise à se doter à terme de règles communes en matière de droit d’asile. Mais la poussée des partis xénophobes dans plusieurs pays et l’afflux de migrants en provenance d’Afrique du Nord a rendu le débat explosif.

Publié le 6 avril 2011 à 15:14
Un bénévole enregistre les passeports des réfugiés au campement de Choucha (Tunisie), en mars 2011.

Le 4 avril, la radio publique suédoise a annoncé que les Néerlandais souhaitaient durcir les conditions d'entrée des demandeurs d'asile dans l'Union européenne. Le gouvernement de La Haye estime notamment qu'un réfugié doit pouvoir prouver qu'il n'a pas la possibilité de se mettre en sécurité dans une autre région de son pays d'origine. Une telle proposition est absurde.

Le plus souvent, les personnes qui fuient les persécutions n'ont en effet ni le temps, ni la possibilité d'examiner la situation dans la totalité du pays avant de partir. L'obligation de produire ce type de preuves semble contraire aux principes fondamentaux du droit d'asile. C'est pourquoi il y a lieu de se féliciter que Cecilia Malmström, commissaire européenne aux affaires intérieures, ait clairement désavoué cette idée saugrenue.

Des sentiments contradictoires et exacerbés

La requête des Néerlandais montre que l'atmosphère des négociations sur la politique d'asile de l'Union européenne devient électrique. L'année prochaine, l'Union remplacera les prescriptions minimales en vigueur dans ses différents pays membres par un arsenal législatif commun et contraignant. C'est en tout cas ce qui est prévu.

Jusqu'à présent, il a été relativement peu question des négociations dans le débat public. En coulisses, pourtant, les esprits s'échauffent.

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Dans toute l'Europe, la future politique d'asile inspire des sentiments contradictoires et exacerbés. Dans les pays membres dont les partis xénophobes sont parvenus à imposer leurs thèmes, la question est explosive dans le débat politique.

Il ne fait donc aucun doute que la conception d'une politique d'asile commune comporte des risques. Le danger est que les pays favorables à un assouplissement des règles ne soient éclipsés par les partisans de la ligne dure. Même si – et c'est à espérer – l'inverse peut également se produire. Il serait bon, pour plusieurs raisons, que les pays membres de l'UE se dotent de règles communes en matière d'asile.

Seuls 6 Etats membres prêts à accueillir des réfugiés

Les Etats membres possèdent des frontières communes avec le reste du monde – et les personnes autorisées à séjourner dans l'UE jouissent de la liberté de circulation. Tous les pays se trouvent donc influencés par la conception qu'ont les autres pays membres de la politique d'asile et d'immigration. C'est pourquoi il serait à la fois logique et justifié de se doter de certaines règles communes.

La question est de savoir comment y parvenir. Le risque n'est pas seulement que des membres comme les Pays-Bas souhaitent renforcer davantage les obstacles aux frontières en durcissant les conditions d'entrée pour les demandeurs d'asile. Les camps de réfugiés surpeuplés d'Afrique du Nord sont également la preuve que l'UE a encore du chemin à faire en matière d'asile.

Les autorités tunisiennes ont par exemple hébergé un total de 220 000 réfugiés. Toutefois, une grande partie d'entre eux n'avaient pas besoin de protection. Ils étaient en Libye pour travailler et souhaitaient avant tout rentrer chez eux. Environ 100 000 personnes ont ainsi bénéficié d'une aide – notamment européenne – pour retourner dans leur pays.

Mais quelques milliers de réfugiés sont toujours bloqués dans les camps de réfugiés tunisiens. Il s'agit par exemple de Somaliens ou d'Érythréens qui risquent d'être persécutés dans leur pays d'origine et devraient par conséquent bénéficier du droit d'asile.

Sur le papier, l'Union européenne a d'ores et déjà accepté de leur accorder sa protection. Mais jusqu'à présent, seuls six Etats membres, parmi lesquels la Suède, se sont proposés d'accueillir quelques centaines de ces réfugiés. Le peu d'empressement des pays européens à apporter leur concours laisse également augurer de la difficulté à venir des négociations sur la politique d'asile au sein de l'UE, beaucoup préférant ne regarder que leurs propres intérêts.

Immigration

Accord “light” entre Rome et Tunis sur le rapatriement des migrants

C'est une "entente faible" sur l'immigration qui a été signée le 5 avril à Tunis, écrit le Corriere della Sera: après l'échec des premières discussions, la veille, les ministres de l'Intérieur italien et tunisien ont convenu que la Tunisie rapatriera environ 800 de ses ressortissants récemment débarqués sur l'île italienne de Lampedusa. L'accord, uniquement verbal, ne fixe ni les modalités ni les délais de l'opération, précise le Corriere. Le nombre de rapatriés est bien inférieur à celui espéré par Rome, qui s'est ainsi vue contrainte d'accorder des permis de séjour temporaires de six mois dans "un but humanitaire" aux migrants Tunisiens présents sur le sol italien. Le gouvernement compte ainsi vider les centres d'accueil, désormais débordés, disséminés dans les régions du centre et du Sud. Pendant ce temps, une embarcation provenant de Libye avec 200 migrants à bord a chaviré au large de Lampedusa ; 150 d'entre eux sont portés disparus.

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