Dans son Guerre et amour sorti en 1975, Woody Allen dit que le sexe sans amour est une expérience vide, "mais parmi toutes les expériences vides, c’est sûrement la meilleure", ajoute-t-il. Le "rollitos de una noche", en espagnol, ("la petite histoire d’un soir") est un grand classique et de nombreuses expressions européennes le soulignent. Cap sur l’Italie : sur une plage perdue de Sicile, un jeune homme à la peau mat, qui aime se vanter de ses conquêtes amoureuses, raconte sa dernière nuit à une bande de copains. D’un air supérieur, le voilà qui explique qu’il a eu une "botta e via" ("un coup et au revoir") avec une belle Espagnole au clair de lune. Mais chut : "C’est une ‘scappatella’ (une "escapade") dont Rosella ne doit pas entendre parler."
Ce flambeur des mers du Sud aura-t-il des remords une fois couché auprès de sa naïve fiancée ? Ce retour de bâton matinal, un peu honteux, les Anglais le nomment "the walk of shame" ("le chemin de la honte") quand bien même cette relation "jetable" a lieu entre personnes adultes, consentantes et célibataires. Car quand on choisit son partenaire sous l’emprise de l’alcool… le réveil peut être surprenant. Les Polonais ont même un mot parfaitement expressif pour définir cette déconfiture, il s’agit du "moralniak" ("gueule de bois moral"). Tout est là. Le fameux "one night stand" a ses revers. En Allemagne aussi, où l’on préfère utiliser le mot anglais. Par pudeur ? Question pudeur, les Français parlent de "coup d’un soir" et de "plan cul". Amis de la poésie, bonne nuit.
Alvaro Sanchez traduit par Pierre Guyot