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Grèce : une “Catastroïka” annoncée

Publié le 18 août 2012 à 14:33

Parmi les mesure exigées par la troïka (Commission européenne-Banque centrale européenne-Fonds monétaire international) de la Grèce en échange des prêts qu’ils ont bien voulu lui consentir afin de rembourser sa dette publique, il y a la privatisation d’une grande partie de son patrimoine public. Du port du Pirée aux centrales électriques, des chemins de ferà l’eau potable, les autorité grecques sont sommées de liquider les possessions de l’Etat. Et par la même occasion, de mettre en place les politiques d’ouverture des marchés prônées par Bruxelles qu’elles ont renâclé à réaliser ces dernières années. Mais est-ce la la meilleure solution pour renflouer les caisses de l’Etat ?

Catastroika sous titres francais par infowar

Rien n’est moins sûr, à en croire les auteurs de Catastroïka. La privatisation fait son entrée à la bourse. Réalisé par Aris Chatzistefanou et Katerina Kitidi, à qui l’on doit le mordant Debtocracy, ce documentaire financé de façon participative (on peut faire un don sur le site) dénonce les méfaits des privatisations réalisées ces vingt dernières années de par le monde. A commencer par celles qui ont marqué le passage à l’économie de marché — hem — en Russie, en 1993, et qui constituent le mètre-étalon des mauvaises pratiques en la matière : usines et bâtiments bradés, corruption, naissance d’une oligarchie toute-puissante, reconversions manquées, opacité totale,…le tout avec la bénédiction de la Banque mondiale et du département d’Etat américain. Ce qui devait être la vitrine du triomphe du capitalisme libéral s’est révélée “un des plus grands désastres de l’histoire”.

Pour continuer avec celle, elle aussi catastrophique, des chemins de fer au Royaume-Uni, en passant par la “mise en vente” du patrimoine de l’ex RDA par la Treuhand allemande après la réunification. Un exemple vertueux se dégage : celui de Paris, qui, quinze ans après avoir privatisé la distribution de l’eau potable, l’a renationalisée.

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Les auteurs dénoncent en particulier le caractère antidémocratique des mesures imposées à la Grèce par Bruxelles et exigées par la troïka, qualifée de “junte” par plusieurs intervenants. Parmi ceux-ci, on retrouve des économistes, des avocats, des sociologues grecs et étrangers, mais aussi des personnalités internationales, comme la militante altermondialiste Naomi Klein, le réalisateur Ken Loach ou le philosophe Slavoj Žižek.

On peut reprocher aux auteurs d’avoir un point de vue très prononcé et marxisant, mais Catastroïka a le mérite d’exister, de donner la parole à des Grecs que l’on n’entend pas souvent dans nos contrées et de lever le voile sur un des phénomènes qui ont marqué ces dernières années et qui continueront à marquer les prochaines.

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