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Que faire face à Loukachenko ?

Publié le 23 décembre 2010 à 16:49

L’Union européenne s’interroge désormais sur la nature des rapports qu’elle doit entretenir avec la Biélorussie. "Que faire face à un interlocuteur comme Alexandre Loukachenko, démagogue habile alternant main tendue et bras d'honneur, signes d'ouverture et opérations policières, en balançant entre Bruxelles et Moscou ?" s'interrogeait Le Monde cette semaine. Pour le quotidien français, le matraquage des opposants, dimanche 19, a révélé la véritable nature du régime : "Son aspiration : ne rendre de comptes à personne et prendre ce qui est à prendre de toutes parts, pour compenser l'état arriéré d'une économie néosoviétique. Prendre auprès de la Chine pour les échanges commerciaux ; auprès de la Russie pour le gaz et le pétrole ; auprès de l'UE pour ses crédits, dont 3 milliards d'euros promis en cas d'élections correctes."

"Nous devrions cependant nous abstenir de toute décision prise sous le coup de l’émotion. », estimait pour sa part Jerzy Haszczyński dans Rzeczpospolita. « Je ne suggère pas que nous devrions faire comme s’il ne s’était rien passé. Il s’est passé bien des choses, et nous devrions le clamer haut et fort." mais "La Biélorussie n'est pas le seul pays à l'est de l'UE où les élections soient pour le moins douteuses. Or l'Occident ne voit rien de mal à négocier avec les autres leaders régionaux et à faire des affaires avec eux. Il y a un certain pays à l'est de l'UE qui s'appelle la Russie, où la police s'en prend à une vieille dame de 82 ans, sans que cela entraîne la moindre détérioration des relations avec l'Occident."

Et rompre le dialogue avec la "dernière dictature d’Europe" et la considérer comme définitivement perdue pour l’Occident ne serait peut être pas une bonne nouvelle pour l’opposition biélorusse. Pour Le Monde, l'aide de l'UE devrait, plus que jamais, dépendre du sort réservé aux opposants. Interviewée parGonzalo Aragonès de La Vanguardia, Svetlana Kalinkina, rédactrice en chef de Narodnaya Volya (la volonté du peuple), l'une des rares tribunes contre le régime de Loukachenko, expliquait que la légère ouverture, opérée depuis 2008 par Minsk, notamment en faveur de la liberté de la presse, était un mirage, une stratégie qui a permis d’ouvrir un dialogue avec l’UE qui demande au régime autocratique de s’engager dans un processus de démocratisation. La journaliste déplore que l’UE manque de force et ne fasse pas assez pression sur le régime et, conclut-elle "si l’Europe ferme les yeux sur le plus important, Loukachenko sera encore plus dur qu’avant".

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