De grandes attentes pour un président inattendu

Publié le 23 décembre 2014 à 10:45

Après dix ans et deux mandats pour le président démocrate-libéral Traian Băsescu, c’est au tour du libéral Klaus Iohannis de diriger le pays. Mais sa mission ne va pas être facile, même s’il vient de rompre avec une longue tradition roumaine : avoir un président dont le nom finit en “-escu”, très commune ici, car on a eu, l’un après l’autre à Ceauşescu, Iliescu, Constantinescu et Băsescu. A savoir un cordonnier transformé en dictateur, un ingénieur en hydro-électricité devenu président après la chute du communisme, un docteur en géologie et enfin un ex-officier de marine.
A partir du 21 décembre, c’est à l’ancien enseignant en physique issu de la minorité des Saxons de Transylvanie et ex-maire de Sibiu de prendre les rênes. Les comparaisons ne vont pas manquer. Déjà, le “président joueur” Traian Băsescu a avoué qu’il est nécessaire “qu’on mette une virgule et pas un point après [ses] deux mandats, pour continuer à faire de bonnes choses”. Une affirmation qui devrait plaire à son successeur, Klaus Iohannis, qui a remporté l’élection grâce notamment au slogan du “travail bien fait”. Mais le travail de Klaus Iohannis va aussi dépendre de sa collaboration avec le Premier ministre socialiste Victor Ponta, son ancien adversaire à la présidentielle. Battu, mais souhaitant rester à la tête du gouvernement, après une cohabitation difficile avec Băsescu, Ponta ne s’annonce pas comme l’allié par excellence du nouveau président.
Iohannis vient après une décennie qui a habitué les Roumains à un président actif, impliqué dans beaucoup de querelles politiques, rarement souvent impartial ; un président accusé par ses opposants d’avoir cherché la division et de ne pas avoir respecté la Constitution. Un président qui a séduit (surtout au début) avec ses fameux éclats de rire lors des bains de foule. Mais
Klaus Iohannis est plus en retenue. D’ailleurs il a gagné justement grâce à cette image, de l’Allemand qui parle moins et travaille plus. Argument auquel on ajoute la lassitude des Roumains envers les nombreux scandales de corruption du parti de Ponta. Est-ce qu’il pourra dire, comme Băsescu, à la fin de son mandat, “Je laisse l’héritage d’un pays qui penche à droite” ?
Pour instant il déclare qu’il a l’attitude et la vision nécessaires pour un chef d’Etat. Et que la politique du XXIe siècle suppose un rapprochement vis-à-vis des citoyens. Il souhaite plus de transparence et une réforme de la classe politique. Selon lui, ce n’est pas l’électeur qui vient avec une vision, mais le politicien, dont l’électeur attend beaucoup. D’ailleurs, dans son discours après la prestation de serment, Iohannis s’est démontré conscient des attentes des Roumains envers lui, et il a souligné que les grandes attentes mènent à de grands résultats, pas à des désillusions.
En fait, il semble que le nouveau président pense plus loin : “À la fin de mon mandat, je souhaite un autre état d’esprit en Roumanie ; j’aimerais qu’à la fin de mon mandat, la corruption ne figure plus dans l’agenda public ; je veux qu’on ait à la fin de mon mandat la satisfaction d’avoir valorisé chaque taxe”. C’est peut être un peu tôt pou parler de la fin d’un mandat qui vient de commencer. Pourquoi cette répétition ? Est-ce qu’on peut déjà parler du début d’un sentiment de peur face à sa mission ?

Photo: presidency.ro

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