Un pas en arrière sur le chemin de l’Europe

Publié le 2 mars 2015 à 22:54

Le nouveau gouvernement moldave a entamé ce 2 mars son mandat sous des auspices que l’on pouvait espérer meilleurs : soutenu par deux partis conservateurs – le Parti libéral-démocrate de Moldavie (PLDM) et le Parti démocrate (PD) – et le Parti communiste (PCM), il ne sera pas facile pour le Premier ministre Chiril Gaburici de naviguer entre les choix pro-européens des premiers et le tropisme prorusse du troisième.

Ce mariage à trois un peu forcé n’a pas manqué de provoquer des grincements de dents au sein du PLDM, au point que le chef du gouvernement sortant, Iurie Leancă, vient de quitter le parti, en dénonçant cette coalition anormale avec les communistes. Mais il semble qu’ils n’avaient pas d’autre choix, après que le Parti libéral (PL), lui aussi pro-européen, a quitté la coalition sortante qu’il formait avec le PLDM et le PD et qui avait pourtant remporté les élections législatives du 30 novembre dernier. Son leader, Mihai Ghimpu, avait en effet prétendu de pouvoir désigner le président de la République et de mettre au programme du gouvernement l’adhésion à l’OTAN.

Quant à Iurie Leancă, il a payé cher son soutien appuyé à l’actuel Premier ministre roumain Victor Ponta lorsque celui-ci était candidat à la présidence de la Roumanie, à l’automne dernier : qu’un dirigeant du Parti libéral-démocrate de Moldavie, membre du Parti populaire européen (droite) soutienne un candidat socialiste était incompréhensible – et inacceptable pour le président du PLDM, l’ancien Premier ministre Vlad Filat, qui ne le lui a pas pardonné. Comme le note le quotidien Ziarul national : “Filat a rappelé le soutien que Leancă a accordé au candidat Victor Ponta à la présidence de la Roumanie”, alors qu’officiellement, “son parti “soutenait le candidat libéral, Klaus Iohannis, aujourd’hui président !

Et tandis que Leancă a annoncé la création d’un nouveau parti et que le nouveau gouvernement compte un ministre franco-moldave, le titulaire du portefeuille de l’Economie, Stéphane Christophe Bride, les Moldaves, eux, sont plutôt critiques sur le choix du Premier ministre. Chiri Gaburici est en effet une personnalité controversée dans son pays : à 38 ans, cet homme d’affaire qui a fait fortune dans la téléphonie mobile, rappelle Ziarul de Garda, est perçu par de nombreux observateurs comme un cheval de troie des Communistes. C’est pour dénoncer cela que, le 28 février, plusieurs centaines de personnes sont descendus dans la rue à Chisinau, afin de dénoncer une coalition soutenu avec l’appui des communistes et demander que le Procureur général de la République soit désigné par…Bruxelles. Les Moldaves lui reprochent en effet, malgré un bilan somme toute assez positif – pendant son mandat, le pays a signé l’accord d’association avec l’UE et a continué son chemin vers le statut de candidat à l’adhésion – son manque de fermeté vis-à-vis d’une corruption devenue insupportable aux yeux de l’opinion publique.

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