EXIT, le Woodstock des Balkans

Publié le 14 juillet 2011 à 10:58

Pour la 12e fois consécutive, EXIT a été l’évènement musical de juillet. La forteresse de Petrovaradin, près de Novi Sad en Serbie a réuni plus de 200 000 personnes autour de la sélection musicale du festival. Chaque année, EXIT enregistre de nouveaux records – plus populaire, plus de visiteurs, plus d’artistes invités.

Il y a douze ans, la première édition d’Exit – EXIT 00 – s’était déroulée dans une ambiance différente. En 2000, l’évènement avait été organisé pour la première fois par un groupe d’étudiants de l’université de Novi Sad comme signe de protestation contre le régime de Slobodan Milošević. Le festival avait duré 100 jours, pendant lesquels les participants avaient discuté xénophobie, censure et répression du régime – des sujets qui intéressaient les jeunes. Le slogan officiel, "EXIT 10 ans de folie", sous-entendait les dix ans du gouvernement de Milošević, renversé quelques semaines après la fin du festival. C’est comme ça qu’EXIT a gagné sa popularité : c’est un festival des jeunes révoltés.

Aujourd’hui, les participants sont dix fois plus nombreux par rapport à EXIT 00 – autour de 200 000 personnes viennent du monde entier pour écouter leurs groupes préférés. C’est notamment le choix musical qui attire les jeunes – les 15 scènes proposent des styles de musique différents pour satisfaire le goût de chacun. La commercialisation de l’évènement est évidente – le billet pour les quatre jours du festival coûte environ 100 euros et les nombreux sponsors de l’événement utilisent l’occasion pour faire leur publicité. Le lien avec l’idée initiale d’engagement politique du festival, ce sont les projections de films sur les Balkans. Cependant, le public jeune préfère les concerts de Deadmous, Groove Armada, House of Pain, Portishead.

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EXIT, c’est la version serbe de Woodstock. Les observateurs des Balkans sont dérangés par le fait que pendant quatre jours, l’alcool et la drogue remplacent les discussions politiques. L’accusation d’une dérive de l’idée initiale et d’une commercialisation du festival est cependant hâtive. Avec la fin du régime de Milošević, EXIT 00 a accompli sa mission de précurseur du changement politique. Les enjeux actuels en Serbie sont de nature différente – le traumatisme de la guerre et la tension quotidienne entre les Etats de l’ex-Yougoslavie sont les sujets qui marquent la jeune génération du pays. Ce qu’EXIT a fait – rassembler les jeunes de l’ex-Yougoslavie autour de la scène et les faire dépasser les conflits historiques et ethniques pendant au moins quatre jours, constitue une avancée que la politique n’aurait jamais pu atteindre.

Aujourd’hui les organisateurs d’EXIT s’accordent sur sa mission – “Le festival a proclamé State of Exit – l’Etat de ceux qui partagent des valeurs communes, qui pensent à l’environnement, qui sont tolérants et ouverts à des cultures différentes et qui veulent un monde meilleur". C’est le message qui exprime le mieux les nouvelles aspirations de la jeunesse serbe.

Images - EXIT festival

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