Viviane Reding : “Mon Europe est celle de la liberté…”

Publié le 8 septembre 2011 à 14:27

Commissaire européen en charge de la Justice, Viviane Reding est depuis peu la marraine de “**My Europe”. [Lancé à Bruxelles ce 6 septembre](http://my-europe.org/ec.europa.eu/commission_2010-2014/reding/index_fr.htm), ce projet vise à renforcer la coopération entre les universités, les médias et les jeunes, à travers la création d’ateliers d’écriture sur l’avenir de l’Europe, tel que le voient ces derniers. A cette occasion, Mme Reding a livré à Presseurop ses sentiments sur cet avenir.**

Avant d'être commissaire européen, vous avez été journaliste pendant vingt ans. Vous avez eu votre vision de l'Europe. Qui n'est pas celle des jeunes qui vont répondre à cette question, des jeunes déçus et indignés. Avant d'analyser leurs réponses, comment est-elle, votre Europe aujourd'hui ?

Je viens d'un très petit pays, le Luxembourg, qui a été souvent occupé et annexé dans son histoire. Ce pays a été un des fondateurs de l'UE parce que nous avons voulu être libres. C'est pourquoi “Mon Europe” est celle de la liberté, celle où les petits pays, comme le Luxembourg, font entendre leur voix. Je pense que le commissaire d'un petit pays est plus important que celui d'un grand pays. C’est un bon exemple pour les gens de ma génération. Pour mes enfants, c’est différent : ils circulent librement, vont à l’école dans d’autres pays… Eux ne comprennent pas que rien n'est acquis. C'est pourquoi nous devons le leur expliquer.

Il n’y a qu’ensemble que nous pouvons être la voix du monde, pour le marché social, pour la garantie de la démocratie. Ces droits ne sont jamais des droits acquis, ce sont toujours des droits que nous devons conquérir, contre les tendances nationalistes. J'avoue être très inquiète par le retour du nationalisme. Le repli sur soi-même est toujours dangereux. Avec moins d'Europe, on se dirige vers l’effondrement.

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“Mon Europe”, c'est une Europe qui a affaire avec les rêves, les sentiments et les convictions de chacun. Nous les politiciens, nous avons besoin parfois d'être poussés à être moins réalistes. Si on ne rêve pas, on ne peut pas créer le futur, comme l'affirmait Victor Hugo. L’Histoire nous a appris que c’est possible uniquement si nous sommes ensemble. Dans le monde globalisé, même les grands pays sont très petits.

Vous avez organisé début septembre, à Schengen, un séminaire qui vise à adopter des décisions stratégiques en ce qui concerne la zone de libre circulation des personnes pour les 12 mois à venir, parmi lesquelles l’adhésion de tous les Etats membres à l’espace Schengen…

J'ai réuni mon équipe pour voir comment nous nous posons face aux problèmes de l'Europe et quelle réponse nous donnons, car il est de notre responsabilité d’oeuvrer pour plus de croissance et plus de droit en Europe. J'ai choisi très consciemment le lieu pour cette rencontre parce que je voulais lancer un message. Schengen est important : c’est le symbole des valeurs de la libre circulation, qui sont des valeurs essentielles pour beaucoup d’Européens. Et Il s'agit à l'avenir de préserver ces valeurs, de les étendre. C'était notre raison d'aller à Schengen et c'est pourquoi à partir de Schengen nous avons lancé le message : Schengen est un acquis ; Schengen se sont des droits et des valeurs ; Schengen c'est une question de confiance entre ses pays membres. Il faut aller de l'avant et non pas en arrière.

Peu après les expulsions des Roms en France, pendant l'été 2010, la Commission a souhaité mettre en place, à votre demande, une véritable stratégie commune pour l'intégration des Roms. Un an après, où en est-on ?

La Commission a présenté un cadre pour des stratégies nationales en matière d'intégration de la population rom, ce cadre a été signé par les 27 chefs d'Etat et de gouvernement en juin dernier. Maintenant la balle est dans le camp des Etats membres, qui ont jusqu'à la fin de l'année pour présenter leur stratégie nationale. Une stratégie sur comment mieux intégrer la population rom dans la population générale, comment faire pour que les enfants des Roms aient à l'école, pour que le logement soit salubre, pour que les soins de santé soient meilleurs. J'attends maintenant tous ces rapports d'action nationale et je les présenterai au printemps au parlement européen. Nous avons avancé beaucoup dans ce domaine.

Propos recueillis par Iulia Badea Guéritée

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