Invisible diplomatie

Publié le 19 février 2010 à 12:22

Depuis qu'elle aspire à jouer un rôle autre que celui d'un grand marché unique, l'Union se bat pour exister sur la scène internationale. Remède miracle, le traité de Lisbonne devait le lui permettre. Las ! Les récents contentieux diplomatiques avec la Libye d'une part et Israël de l'autre ont encore une fois mis en évidence que les Etats membres sont seuls face à leurs interlocuteurs et démontré que l'UE n'existe pas en tant qu'acteur diplomatique.

Le régime de Tripoli a fermé ses frontières aux ressortissants de l'espace Schengen en rétorsion contre la décision de la Suisse de déclarer personæ non gratæ sur son territoire le leader libyen Mouammar Kadhafi et son entourage, dernier épisode d'une crise commencée en 2008, avec l'arrestation à Genève d'un des fils du fantasque colonel pour mauvais traitement envers leurs domestiques. Depuis qu'il est à nouveau fréquentable, les Européens se bousculent pour rendre visite ou accueillir Kadhafi, cédant à toutes ses exigences. Aujourd'hui, au lieu de saisir l'occasion pour inverser le rapport de force face à lui, ils préfèrent laisser Berne se débrouiller seule.

C'est d'autant plus regrettable que l'Europe se voit comme le porte-drapeau de valeurs universelles telles que les droits de l'homme, la parité et l'Etat de droit, et qu'elle n'est pas capable de hausser la voix quand elles sont menacées.

Les services secrets d’Etat hébreux sont accusés d'avoir usurpé les identités de onze citoyens de l'Union dans l'élimination d'un responsable du Hamas palestinien à Dubaï. Les Etats concernés – Royaume-Uni, Irlande, France et Allemagne – ont demandé des explications aux autorités israéliennes, qui, pour le moment, n'a pas jugé de devoir fournir d'explications. Ce qui est d'autant plus désobligeant qu'Israël est un précieux allié – voire, selon certains, un possible Etat membre – de l'Union, contrairement à la Libye. Catherine Ashton, Haut représentant pour les Affaires étrangères, a-t-elle décroché son téléphone et appelé Tripoli ou Tel Aviv pour exprimer pour le moins le "vif étonnement" de l'Union ? Que non : elle doit être encore en train de chercher Haïti sur sa planisphère. Gian Paolo Accardo

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