Pas de répit grec

Publié le 18 juin 2012 à 13:07

Quelle a été l’élection la plus importante ?”, demandions-nous le 7 mai, au lendemain du second tour de la présidentielle française et des (premières) élections législatives grecques. L’ironie du calendrier électoral et du rythme de la crise fait que les secondes législatives grecques (organisées parce qu’aucun gouvernement n’a pu être formé en mai) se sont déroulées ce 17 juin, le même jour que le second tour des législatives françaises. Mais cette fois-ci la réponse est évidente : c’est la Grèce qui fait la une de la presse européenne, tandis que la (nouvelle) victoire de la gauche en France est reléguée au rang d’événement politique anodin.

Ce qui se jouait dans les urnes héllènes était beaucoup plus indécis et crucial pour l’Europe : le maintien de la Grèce dans la zone euro, et par-delà, la survie de la monnaie unique elle-même, avec toutes les conséquences imprévisibles que de tels développements pourraient entraîner. En plaçant les conservateurs de Nouvelle Démocratie devant Syriza, la Coalition de la gauche radicale, les électeurs grecs ont, comme le titre joliment The Guardian, “donné une chance à l’Europe”.

Reste à saisir cette chance. Et pour l’heure, on voit mal comment. Depuis plus de deux ans, les fameux sommets de la dernières chance où l’on sauve l’euro et la Grèce n’ont pas permis de régler la crise. La Grèce reste lourdement endettée et handicapée par un Etat déliquescent et une classe politique engluée dans ses travers. Et plus que jamais, l’Espagne et l’Italie semblent prêtes à basculer dans la spirale infernale de la dette.

Les solutions d’urgence ne fonctionnent pas. Il serait donc temps de mettre en place des solutions de long terme, entend-on un peu partout en Europe. Ce sera l’enjeu du Conseil européen des 28 et 29 juin. Et c’est là que l’on retrouve l’importance des élections françaises. Car deux types de projets semblent s’affronter : le président François Hollande, désormais conforté par une majorité absolue au Parlement, prône une politique de croissance pour accompagner la rigueur à l’oeuvre en Europe, et en préalable à une intégration économique et politique plus poussée; la chancelière Angela Merkel, elle, veut établir une union économique et politique pour accentuer le contrôle des politiques budgétaires en Europe, comme préalable à des mesures de croissance et une éventuelle mutualisation des dettes. La rupture est nette avec “Merkozy”, et nul ne sait si Hollande - qui s’est trouvé un allié en la personne de Mario Monti - pourra modifier l’équilibre des pouvoirs dans lequel la volonté de Merkel a toujours prévalu.

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Nous en sommes donc là : pour sortir de la crise, l’Union doit voir plus loin que l’urgence et définir un horizon politique (ce qui inclut l’économie). Mais si elle néglige l’urgence en se perdant dans des discussions byzantines, tout projet sera vain. Les Vingt-Sept doivent présenter une réponse sur les deux temporalités. Et de ce point de vue, les élections grecques n’offrent aucun répit.

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