"Différend lituano-polonais à Bruxelles", titre Gazeta Wyborcza en référence à une lettre ouverte envoyée par dix ministres polonais au président du Parlement européen Jerzy Buzek, appelant à "une défense des droits de la minorité polonaise de Lituanie". Les Polonais de Lituanie pensaient que l'adhésion de la Pologne à l'UE aurait contribué à étendre et faire respecter les droits des minorités ethniques. Mais ce n'est pas le cas, écrivent les signataires de la lettre, qui, d'après Gazeta Wyborcza, a été initiée par Waldemar Tomaszewski, un Polonais de Lituanie, ancien candidat à la présidentielle. Cette initiative a été condamnée par Audronius Ažubalis, responsable du comité des Affaires étrangères au Parlement lituanien, en ce qu'elle favoriserait les conflits ethniques et freinerait l'intégration de la minorité polonaise en Lituanie (7% de la population).
Les signataires de la lettre réclament une signalisation bilingue du nom des rues et des villes dans les régions à majorité polonaise, des cartes d'identité et des passeports édités en polonais, des subventions pour les écoles de la minorité et la restitution des biens des Polonais expropriés en 1945. "Nous avons un différend historique, nous avons recouvré notre indépendance récemment. Si nous acceptons les noms de ville en polonais, est-ce qu'on ne risque pas aussi de devoir un jour accepter les noms en cyrillique", s'interroge Vytautas Landsbergis, le premier chef d'Etat de la Lituanie post-soviétique. Notre puissant voisin russe a tout intérêt à voir les Lituaniens et les Polonais s'affronter, estime-t-il. La prise de Vilnius par les Polonais en 1920 est une autre épine dans le pied des relations entre les deux pays.