Tarante et Florange, les deux faces d’une même crise

Publié le 27 novembre 2012 à 12:58

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"ILVA ferme, 5 000 ouvriers renvoyés chez eux", titre Corriere della Serra. Les tractations sur le sort de la plus grande aciérie d'Europe, sous le coup d'une enquête depuis qu'il a été prouvé que les niveaux de pollution très élevés relevés sur le site sont responsables de milliers de morts dans la ville voisine de Tarante, sont à un tournant depuis que les procureurs ont ordonné la fermeture de certains sites de production et émis un mandat d'arrêt contre les sept dirigeants de l'usine. En représailles, les propriétaires ont fermé l'usine et renvoyé chez eux quelque 5 000 ouvriers. Une décision qui pourra affecter d'autres sites et toucher, au final, près de 20 000 emplois. Les syndicats ont occupé les bureaux de la direction en signe de protestation.

"A Tarante, la population est partagée entre la peur du chômage et les inquiétudes sur sa santé", raconte La Stampa. "Prise en tenaille entre les coûts exorbitants d'un nettoyage et une situation socio-politique extrêmement tendue, la ville est menacée par une vraie guerre civile."

Mais les inquiétudes sont nationales. "Quel est le message que nous envoyons à ceux qui se demandent si investir en Italie vaut encore le coup ?" demande Il Sole 24 Ore, expliquant que "la croisade de quelques juges ne peut pas décider du destin de sites fondamentaux pour la politique industrielle du pays". Selon le journal de la fédération des entrepreneurs, la crise chez ILVA

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va redonner le moral aux concurrents européens. Un cadeau pour les groupes français et allemands. En France, l'Etat est tellement conscient de l'importance stratégique de la sidérurgie qu'il plaide pour nationaliser deux usines qui ne trouvent pas de repreneur alors qu'elles sont considérées comme polluantes et non-compétitives. L'emploi d'abord : ce qui se défend ouvertement en France ne peut même pas se murmurer à Tarante.

A Paris, pourtant, le gouvernement livre un bras de fer avec Arcelor Mittal, qui souhaite fermer les hauts fourneaux de Florange, en Lorraine. Il se déclare même prêt à nationaliser temporairement le site où 630 emplois sont menacés. “Vraie bonne idée ou mission impossible ?” s’interroge Libération. Le président François Hollande devait recevoir Lakshmi Mittal le 27 novembre pour “convaincre le patron du groupe de céder la totalité de son site, c’est-à-dire à la fois ses hauts fourneaux et la transformation de l’acier brut, la partie la plus moderne et toujours en activité”, explique le quotidien.

La pression est à son maximum entre le gouvernement et Mittal. A une semaine de la date d’expiration pour la reprise de Florange, les menaces pleuvent. Le premier brandit la nationalisation si le groupe sidérurgique ne cède pas l’intégralité du site mosellan. Le second réplique qu’il est hors de question de vendre la totalité des installations, inséparables de son Meccano industriel.

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