Catastrophe aérienne en Ukraine

“C’est le 11-Septembre de l’Europe”

Publié le 22 juillet 2014 à 22:19

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Le drame du vol MH 17 nous oblige a tirer une leçon importante sur notre sécurité dans ce turbulent XXIe siècle”, écrit Jonathan Holslag dans NRC Handelsblad. Le politicologue de l’Université libre de Bruxelles estime que seule une politique de voisinage déterminée peut amener à une solution contre l’absence de sécurité internationale en Europe.
La géopolitique est de retour”, écrit ainsi Holslag :

Mais on ne fait que commencer à réaliser que la distance qui sépare Kiev de Katwijk [aux Pays-Bas] n’est pas si grande. Tous les pays européens entre ces deux villes dépendent l’un de l’autre pour leur sécurité. […] Si vous pensez que l’on peut se permettre un retour à l’époque des mini-Etats européens en conflit entre eux, l’attaque contre le vol MH 17 nous met brutalement face à la nouvelle réalité.
Poutine devra payer, ajoute Holslag, si un rapport entre le Kremlin et la catastrophe dans l’Ukraine orientale devait être prouvé. “Mais cela ne concerne pas uniquement Poutine”, écrit-il :
[[Apparemment, la crise en Ukraine n’était pas suffisamment grave pour pousser les pays européens à coopérer davantage dans le secteur de l’énergie]]. Les consultations à Bruxelles afin de réduire la dépendance au gaz russe n’ont conduit nulle part.
Holslag accuse les dirigeants européens d’avoir “la vue courte” et d’”opportunisme”, et estime que
bien sûr, il y a de fortes chances pour que, après une période d’opportunisme, une vent de panique s’empare de plusieurs dirigeants européens. Ils se rangeront à ce moment là du côté des Etats-Unis et mettront la Russie dans un coin.
Toutefois, le politologue estime que nous ne devons pas perdre de vue notre responsabilité. L’Europe a créé "un vide de pouvoir le long de sa frontière extérieure” et elle a échoué à “bâtir des partenariats solides avec les superpuissances régionales”.
La solution pourrait être une politique de voisinage forte et l’établissement d’une sphère d’influence qui assurera davantage de sécurité à l’Europe. Il note aussi que l’UE n’est pas menacée qu’en Ukraine orientale, mais aussi dans le Sahel, où l’on trouve “de très nombreuses armes lourdes”. Il n’y a pas que les avions de ligne qui soient en danger : avec un peu de “bricolage”, des missiles peuvent être utilisés contre nos navires marchands dans la Mer Rouge et le détroit de Gibraltar.
C’est pour cela que Holslag pense qu’il est temps que l’Europe prenne la tête dans la “guerre contre la prolifération incontrolée des missiles. Une convention internationale sur les missiles anti-aériens est la moindre des choses que nous devons aux victimes du MH 17”. “Cela devrait être le 11-Septembre de l’Europe, un pivot dans notre réflexion stratégique”, où des rétorsions contre nos ennemis et la sécurité d’un demi-milliard d’Européens doivent être prioritaires, conclut-il.

Geertje Teunissen

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