25 ans de la chute du mur de Berlin
La frontière entre la Thuringe et la Bavière près d'Asbach, en 1950.

L’Allemagne, toujours divisée ?

Publié le 7 novembre 2014 à 23:49
La frontière entre la Thuringe et la Bavière près d'Asbach, en 1950.

25 ans après la chute du mur de Berlin, un certain 9 novembre 1989, où en est l’Allemagne ? À quel point la plus grosse économie de l’Europe est-elle divisée ?

“Dans l’euphorie qui a suivi la chute du mur de Berlin en 1989, l’Allemagne s’est rapidement employée à effacer les cicatrices de sa division résultant de la guerre froide. Mais l’héritage de l’Allemagne de l’Est demeure visible dans les statistiques”, écrit Die Zeit, illustrant ces propos par des informations statistiques, des cartes et des graphiques.

Dans un post de blog en lien avec cet article, le journaliste de Die Zeit Fabian Moor écrit ainsi que -

La frontière existe toujours. Elle se trouve presque exactement au même endroit que quand elle existait en réalité. L’Allemagne est toujours divisée en deux. Aujourd’hui encore, 25 ans après la fin de la séparation imposée, il existe un déséquilibre démographique et économique, et les habitudes de vie sont aussi très différentes. [...] Les sèche-linge ? Ils sont populaires à l’Ouest, mais quasi inexistants à l’Est. Posséder une arme ? Un Allemand de l’Est n’en voit pas l’intérêt.

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Ainsi, en ex République démocratique allemande (RDA), le revenu disponible par habitant est toujours considérablement inférieur à celui de l’ancienne République fédérale allemande (RFA). Inversement, les fermes sont bien plus grosses en ex RDA qu’en ex RFA. Die Zeit note aussi que les choix de destination pour les vacances divergent entre les habitants de l’ex RDA et de l’ex RFA. Le journal remarque également que -

Les Allemands de l’Est mettent leurs enfants à la garderie, et les font vacciner chaque année contre la grippe. Que la population est-allemande et plus âgée. Car de nombreux enfants de la réunification ont cherché fortune à l’Ouest et y sont restés.

Néanmoins, le raisonnement selon lequel l’Allemagne est divisée est de plus en plus contesté. Ainsi, toujours dans Die Zeit, le journaliste Steffen Dobbert estime “que les comparaisons Est-Ouest sont superflues [...] Il n’y a plus de mur en Allemagne, ni dans les têtes des jeunes générations”. Et d’ajouter -

Dans quelques années, les ‘Ossies’ [terme péjoratif pour désigner les Allemands de l’Est] disparaîtront - si les médias le permettent. Nombreuses sont les personnes à se considérer davantage comme des Allemands que comme des Allemands de l’Est ou de l’Ouest. Je m’interroge juste : quand cette réalité va-t-elle pénétrer dans les salles de rédaction des télévisions, des journaux et des sites internet ?

La télévision publique BR a récemment compilé plusieurs sondages portant sur l’Allemagne de l’Est et de l’Ouest. Ceux-ci montrent que -

Selon une étude récente réalisée par Infratest dimap, 75% des Allemands de l’Est ont une vision positive de la réunification ; à l’Ouest, seule la moitié de la population estime que la réunification a plus d’avantages que d’inconvénients [...] La bonne nouvelle : les clichés Est-Ouest ne sont pas héréditaires. Deux tiers des 14-29 ans refusent les préjugés de leurs parents.

Dans leur désir de trouver l’ancien mur de Berlin, mes collègues du Zeit Online sont même partis à la recherche des ‘Ronny’”, écrit Steffen Dobbert. Car, rappelle-t-il, “Ronny était le prénom le plus populaire donné aux enfants entre 1975 et 1983 en RDA.” Or actuellement, la proportion de “Ronny” sur Facebook est plus importante dans l’ancienne Allemagne de l’Est -

J’ai un ami qui s’appelle Ronny. Quand je lui ai parlé de la carte, il a dit : ‘C’est logique, la plupart des Ronny vivent où ils sont nés. Mais cela ne veut pas dire que la RDA existe toujours !’ Puis il m’a demandé ce qu’il faudrait qu’il arrive pour que nous célébrions l’anniversaire de la réunification sans avoir à chercher les Ronny. ‘Peut-être que toi et les autres Ronny devriez déménager à l’Ouest’, lui ai-je répondu.

Pour Die Zeit,

Un des seuls endroits où la division du pays issue de la guerre froide est toujours visible, c’est l’ancienne frontière intérieure allemande. Les tours de guet et les murs ont disparu, mais la ligne de démarcation est toujours là. Est-ce une mauvaise chose ? Toutes les différences doivent-elles être recouvertes de plâtre et toutes les cicatrices effacées ?

A Berlin, 8 000 ballons blancs ont été placés le long du tracé du mur afin de le rendre à nouveau visible à l’occasion des commémorations officielles.

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