“Ni les politiques ni la presse n’ont vu le mouvement venir”, écrit Claus Christian Malzahn dans Die Welt. Et d’ajouter :
Dans tout le pays les gens discutent de la signification des événement de Dresde : certains y voient une rébellion d’extreme-droite ; d’autres uniquement des citoyens inquiet. Mais su un point tout le monde est d’accord : Pegida est davantage qu’un phénomène local. Certains politologues […] voient même les démonstrations comme une césure historique, le symptôme d’une relation brisée entre les politiques et les gens.
Un groupe de reporters de Die Zeit a tenté, d’identifier les gens qui défilent avec Pegida et les décrivent comme “des gens avec un certain niveau de vie, mais pas de grandes ambitions” et qui appartiennent à la classe moyenne inférieure.
“Il semble y avoir une relation entre les organisateurs de la démonstration de Dresde et les hooligans du football. Mais cette déduction des services de renseignement n’a pas encore été prouvée”, écrivent-ils, en ajoutant que, même si certains organisateurs et manifestants sont clairement proches de groupuscules d’extrême droite, comme le NPD, Pegida n’est pas uniquement un forum pour la droite dure.
Il y a aussi des “passerelles” entre Pegida et le parti anti-euro Alternative pour l’Allemagne (AfD) — même si, officiellement, AfD n’a pas de position commune sur Pegida.
La Frankfurter Allgemeine Zeitung exhorte la classe politique à prendre au sérieux Pegida :
[[Le mouvement refuse d’être cantonnée à l’extrême droite]]. […] Le message selon lequel ceux qui défilent à Dresde et dans d’autres villes ne sont pas que des extrémistes de droite est parvenu à Berlin. La prendre vraiment au sérieux veut dire ne pas considérer les protestations comme une agitation avant Noël ; cela veut dire avoir des politiques de l’immigration qui font les intérêts du pays. Même en Allemagne il est légitime de demander aux immigrés de faire preuve du désir et de l’intérêt pour l’intégration..
Selon un récent sondage, 49 % de la population allemande soutient les manifestations, alors que seuls 29 % rejette leurs idées et 26 % ont des opinons mélangées. Le soutien, affirment Die Zeit et YouGov, qui a mené le sondage, est alimenté par la peur de la présence de fondamentalistes musulmans sur le sol allemand : “[[73 % de la population affirme avoir peur que l’islam radical gagne de l’influence]]”, écrit Die Zeit.
Mais alors que la population musulmane est quasi-inexistente, Malzahn se demande si ces groupes et ces manifestations d’extrême droite sont “d’un certain point de vue complètement normaux en comparaison avec le Front national en France, le Ukip au Royaume-Uni, le Jobbik hongrois et le FPÖ autrichien – qui ont tous progressé lors des dernières élections européennes.
Quoi qu’il en soit, Jacques Schuster met en garde dans Die Welt contre l’hystérie qui menace quand il s’agit de Pegida :
Considérer Pegida comme un groupe d’extrême droite est stupide et faux […] Les peurs et les problèmes ne disparaissent pas simplement parce qu’ils sont portés par la mauvaise partie. Mais il est également idiot de parler de domination étrangère en Allemagne. […] Lorsqu’il s’agit d’immigration et de droit d’asile nous savons tous qu’il y a des problèmes qui peuvent être soulevés — par n’importe qui.