La Grèce et l’austérité

Les révolutionnaires en papier d’Athènes

Alors que le premier ministre Alexis Tsipras est à la recherche de soutiens européens, la presse polonaise essaie de déchiffrer sa stratégie et d’évaluer quelles sont ses chances de convaincre Angela Merkel d’accepter une politique budgétaire moins restrictive.

Publié le 10 février 2015 à 15:24

Son fils cadet s’appelle Ernesto et une affiche de Che Guevara était suspendue jusqu’à peu dans son bureau mais a priori Alexis Tsipras n’envisage pas de commencer une révolution, écrit Newsweek Polska en soulignant que le premier ministre grec n’est pas un "idéologue aveuglé mais un stratège brillant qui adore les jeux politiques". Il a également su remplir le vide politique qui est apparu après la chute du bipartisme dans ce pays. L’historien et sociologue grec Iannis Carras explique que

La qualité principale de Tsipras, c’est que de nombreux Grecs le considèrent comme un politique qui défend les intérêts du pays. Il va donc continuer sa rhétorique patriotique-nationaliste qui est un trait commun de la gauche et de la droite grecques.
Il ne sera pas en mesure cependant de tenir "ses promesses électorales irréalistes", même s’il a déjà commencé à démonter les réformes de son prédécesseur. En effet, il a suspendu la privatisation du port du Pirée et de la société énergétique DEI, il a augmenté le salaire minimum et il envisage de rembaucher une partie des salariés du secteur public. Les experts estiment que toutes les promesses de Tsipras coûteraient environ 10 milliards de dollar et la Grèce ne dispose pas de cette somme.
C’est pourquoi, explique Gazeta Wyborcza, le nouveau ministre grec des finances Yanis Varoufakis a mis en place un plan de sauvetage en quatre points qui est essentiel pour la survie du gouvernement. Il suppose que les taux d’intérêt de la dette grecque dépendent du taux de croissance, du rythme des réformes qui doivent se faire "au laser et non avec un couteau de boucher" et de la stimulation des investissements, non pas qu’en Grèce mais dans toute l’Europe, qui passerait par des actions renforcées de la Banque européenne d’investissement. La création d’un programme d’aide sociale destinée aux plus pauvres figure également sur cette liste.
Les éléments principaux de ce plan dépendent cependant de l’accord des partenaire européens et de la Commission européenne. C’est pourquoi Tsipras et Varoufakis voyagent dans toute l’Europe en cherchant des soutiens et des alliés. Interrogé récemment sur ce qui adviendrait si l’UE rejetait ses propositions, Varoufakis a admis que ce "serait pire que la mort".
Il n’est donc pas étonnant que ces derniers temps Tsipras mette de l’eau dans son vin et calme un peu ses ardeurs avant la partie décisive qui se jouera avec la chancelière allemande. Newsweek Polska souligne cependant qu’Angela Merkel fera plus difficilement des concessions qu’en 2012, lorsqu’elle craignait que la chute de la Grèce entraînerait celle de la zone euro –
A présent, la chancelière est plutôt partisane de la théorie du maillon faible selon laquelle se débarrasser du membre le plus faible ferait du bien à la monnaie unique. Les négociations entre Athènes et Berlin risquent donc d’être très difficiles. Un journaliste allemand a bien résumé la situation : "Madame Merkel a su se défaire de tous ses adversaires internes et externes, en commençant par Helmut Kohl. Elle va manger Tsipras au petit déj’."

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