Pologne
Le chef de Zmiana, Mateusz Piskorski.

Un parti pour les amis de Poutine

Publié le 13 avril 2015 à 15:17
Myśl Polska  | Le chef de Zmiana, Mateusz Piskorski.

Un nouveau parti politique pro-russe est né en Pologne et, lorsque l’on connaît l’attitude méfiante des Polonais vis-à-vis de ce qui vient de l’ex-empire soviétique, il y a de quoi s’étonner. Baptisée Zmiana – “Le changement” en polonais – il soutient la politique de Vladimir Poutine et une alliance stratégique entre Moscou et l’Union européenne et vise à obtenir plus de 10% des voix aux élections législatives d’octobre prochain, raconte EUobserver.

Le chef de Zmiana, Mateusz Piskorski, va jusqu’à nier l’aggression russe dans l’est de l’Ukraine, il soutient les séparatistes prorusses dans la région et affirme que le référendum sur l’annexion de la Crimée à la Russie, non reconnu par l’UE et l’ONU, était tout à fait légal. Et bien sûr, il est très critique vis-à-vis de la politique “anti-russe” et de “confrontation” avec Moscou menée par le gouvernement de Varsovie, ainsi que le soutien de ce dernier au gouvernement ukrainien.

En fait, l’apparition de Zmiana ne devrait pas étonner, soulignent les experts consultés par le site d’actualité européennes. En effet, souligne le politiologue Rafal Chwedoruk, “la société polonaise n’est pas monolithique pour ce qui est de la politique étrangère du gouvernement en Ukraine”.

Un récent sondage révèle en effet que, contrairement à ce que l’on pourrait penser, “un tiers des Polonais estime que Varsovie ne devrait pas soutenir le gouvernement de Kiev dans la crise actuelle” et “plus de la moitié estime que, si la Pologne doit aider l’Ukraine, elle ne devrait pas aller au-delà des sanctions contre la Russie décidées collectivement par l’Union européenne”. Trois Polonais sur quatre par ailleurs craignent que le conflit en Ukraine ne constitue une menace directe pour la Pologne.

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Mais pour d’autres, l’apparition de Zmiana “indique clairement que la propagande de Vladimir Poutine fait son chemin au sein du paysage politique et médiatique polonais”. Ils dénoncent en cela la récente apparition de la radio et du site Sputnik, qui affirme vouloir “diffuser le point de vue de la Russie”, ainsi que des sites des Républiques populaires de Vilnius et de Lviv. Ces derniers invitent les Polonais à “reprendre ‘leurs’ territoires en Lituanie et en Ukraine”, sur le modèle des républiques prorusses autoproclamées de l’est de l’Ukraine.

Les autorités se demandent qui finance ce mouvement et ces sites quels intérêts ils servent, à commencer par le ministre des Affaires étrangères Gregorz Schetyna, qui a déclaré faire preuve d’une “vigilance extrême” à leur égard. Toutefois, souligne EUobserver, “aucune trace d’un lien direct avec les autorités russes n’a été trouvé”. Pour Rafal Chwedoruk, “l’affirmation selon laquelle Zmiana serait dirigée par des agents du Kremlin fait partie de la confrontation politique”.

Mateusz Piskorski, le chef du parti, bientôt 38 ans, est un ancien dirigeant du parti agraire populiste Samoobrona. Aujourd’hui, il vise à séduire les agriculteurs polonais, touché par ricochet par les sanctions économiques européennes à l’encontre de la Russie.

Piskorski n’est pas le seul à se démarquer de la politique proaméricaine, pro-OTAN et pro-UE de la majeure partie des partis polonais, souligne EUobserver : au sein des partis traditionnels, un nombre croissant de voix s’élèvent pour dénoncer tour à tour les responsabilités du gouvernement ukrainien dans le conflit avec les prorusses ou les sanctions à l’égard de Moscou et prônent un “redémarrage” du dialogue avec la Russie. Ce sera, estime le politologue Wojciech Jablonski, “un des enjeux principaux de la campagne électorale et les différents partis politiques vont tenter de se démarquer du gouvernement sur ce sujet”.

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