“Newborn”, "Nouveau-né", le monument commémorant l'indépendance du Kosovo, à Pristina.

Un peu plus indépendant mais pas encore entièrement

Ce 10 septembre, le plus jeune Etat d’Europe devait faire un nouveau pas en avant vers sa pleine et entière souveraineté, avec la fin formelle de la supervision internationale. Mais le Kosovo est loin de s’affranchir complètement de la tutelle à laquelle il est soumis depuis sa naissance, comme le souligne la presse européenne.

Publié le 10 septembre 2012 à 14:47
“Newborn”, "Nouveau-né", le monument commémorant l'indépendance du Kosovo, à Pristina.

Le Bureau civil international (ICO)va fermer à Pristina ce 10 septembre. Les représentants des 25 pays responsables de ce ICO, parmi lesquels 20 Etats membres de l’UE, la Turquie, la Croatie, la Norvège, la Suisse et les Etats-Unis, se retrouvent dans la capitale kosovare pour entériner ce nouveau statut. La supervision internationale a été organisée en 2007 dansle plan de l'envoyé spécial des Nations unies, le Finlandais Martti Ahtisaari. L’ICO a été installé au moment de l’indépendance du Kosovo proclamée le 17 février 2008.

Le départ de l’ICO ne signifie toutefois pas la fin de la présence internationale dans l’ancienne province serbe, comme le souligne Jutarnji List à Zagreb :

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Les forces de l’OTAN sont toujours présentes et la mission de l’UE, Eulex, continue à avoir un droit d’ingérence dans le domaine juridique. Dans ce contexte, le terme “pleine souveraineté” n’a pas beaucoup de sens. D’autant plus qu’en raison des divisions au sein de la communauté internationale et des failles du pouvoir kosovar comme des missions internationales, le Kosovo reste partagé : les Serbes vivant au Nord du Kosovo refusent toujours de reconnaître le pouvoir de Pristina.

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Dans un entretien auNRC Handelsblad, l’ancien représentant de l’UE au Kosovo Pieter Feith, souligne le travail qu’il reste à accomplir, notamment en matière d’Etat de droit, d’économie et de lutte contre la corruption. Il rappelle également que cinq pays de l’UE - la Grèce, Chypre, la Roumanie, l’Espagne et la Slovaquie -

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ont contrecarré des projets permettant le Kosovo de se développer. Ils voulaient en faire un failed state [un Etat en échec].

Ils ne sont pas passés loin de leur objectif, à en croire encore Jutarnji List, pour qui

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les institutions kosovares ont été établies avec l’accord de la communauté internationale et non par des élections démocratiques. La communauté internationale n’a pas pris de mesures après que les observateurs européens aient constaté de graves irrégularités lors des élections. […] Pour ce qui est de la lutte contre la corruption, ni les autorités kosovares ni la mission de l’UE, n’ont brillé par leur efficacité.

Acteur-clé dans cette crise, la Serbie ne semble pas prête à se résigner à cette perte, quitte à entraver ses négociations d’adhésion à l’UE. Comme le souligne Le Monde,

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les intentions des dirigeants serbes demeurent obscures depuis la victoire des nationalistes aux élections générales, le 6 mai. L'UE répète que l'intégration est conditionnée à une normalisation des relations entre Belgrade et Pristina, mais sans exiger une reconnaissance claire. Pour l'heure, le dialogue entamé depuis mars 2011 entre les deux capitales n'a pas repris.

La communauté internationale a encore de beaux jours devant elle au Kosovo, conclut ainsi Jutarnji List, pour qui

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la fin de l’indépendance surveillée découle plus de l’envie de la communauté internationale de s’occuper moins du problème kosovar et d’y dépenser moins d’argent que des progrès réalisés par Pristina. Bien qu’ayant répété ne pas vouloir commettre les erreurs commises en Bosnie-Herzégovine, la communauté internationale n’a pas su les éviter, et l’OTAN et l’UE seront obligées de rester encore longtemps au Kosovo. Toutefois, la décision de mettre fin à la souveraineté surveillée du Kosovo est un message fort à la Serbie : l’indépendance du Kosovo est incontestable et Belgrade doit vivre avec cette idée.

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