Qui assurera la sûreté des centrales ?

Les tests de résistance effectués sur les centrales européennes révèlent de nombreuses failles dans la sûreté des installations. Mais déjà contestés par les Etats membres, ces résultats, qui seront soumis aux chefs d’Etat et de gouvernement européens lors du Conseil européen des 18 et 19 octobre, posent la question des compétences de l’UE.

Publié le 3 octobre 2012 à 14:43

Le commissaire européen à l’Energie, Günther Oettinger, doit présenter le 4 octobre les résultats de “tests de résistance” sur la sûreté des 134 réacteurs nucléaires installés sur le territoire de l’UE, des tests réalisés suite à la catastrophe de Fukushima, en mars 2011. Ils mettent en évidence de nombreuses défaillances, et chiffrent entre 10 et 25 milliards d’euros le montant des travaux nécessaires à la mise en conformité des centrales du Vieux continent. Mais ces conclusions suscitent d’ores et déjà de vives discussions dans les Etats membres.

Le Monde fait ainsi état de la “tension entre Paris et Bruxelles”, alors que la France, principale productrice européenne d’électricité nucléaire avec 19 centrales et 58 réacteurs, est particulièrement critiquée par le rapport de la Commission :

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Il est rappelé que les équipements de secours, comme les groupes électrogènes, ne sont pas assez protégés contre les éléments en cas de catastrophe naturelle en France [...] Enfin, les centrales françaises manquent d’instruments de mesure sismique. [...] Les autorités françaises ont cherché à atténuer la portée des conclusions. [...] A Paris, on se méfie de toute tentative de centralisation par l’Europe de la régulation du secteur nucléaire. [...] Les autorités françaises redoutent aussi que les conclusions de cet exercice de longue haleine n’avivent le débat sur la sortie du nucléaire.

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Aux Pays-Bas, le quotidien Trouw rapporte que Borssele,“a raté le test de sécurité”.

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La centrale nucléaire de Borsselle (...) n’est pas conforme aux exigences internationales de sécurité quant aux dangers d’inondation. [...] De plus, la centrale n’est pas suffisamment sécurisée contre les tremblements de terre.

"Le résultat de Borselle n’est pas si mal comparé à d’autres centrales en Europe”, écrit le journal, qui ne réfère pas uniquement à “une superpuissance nucléaire comme la France”, mais aussi aux centrales en Europe de l’Est et aux quatre centrales en Finlande et en Suède, où le système de refroidissement d’urgence n’est pas aux normes “entrainant le risque d’un scénario comme à Fukushima (un meltdown)". La Belgique, en revanche, a été félicitée par la Commission pour sa façon de “communiquer sur les failles dans les centrales de Doel et de Tihange”, explique dans une interview àTrouw un universitaire qui a assisté la Commision. Les deux centrales ont été fermées cet été à cause de fissures dans les cuves de deux réacteurs. Le rapport de la Commission ne mentionne pas ce problème, car “le test ne portait pas dessus”. A Berlin, Die Welt estime quele véritable scandale, c’est l’impuissance de l’UE”. Le quotidien s’indigne de ce que l’Union a employé pendant des mois un groupe d’experts pour vérifier une à une les centrales du continent, alors que “les faits sont depuis longtemps sur la table. Un appel à l’Agence internationale de l’énergie atomique [AIEA] aurait suffi”. De plus,

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Le fait que les personnes chargées des tests de résistance se sont visiblement, et de manière répétée, heurtées à la résistance des gouvernements et des entreprises énergétiques quand ils voulaient examiner une centrale, nous donne une idée de la véritable volonté de transparence de certains Etats membres dans le domaine du nucléaire. Ainsi, un test de résistance reste inévitablement du rafistolage. [...] Bruxelles, qui réglemente jusqu’au ridicule des banalités du quotidien, ne dispose pas de compétences sur les question existentielles et paneuropéennes que sont la sûreté nucléaire et le stockage des déchets.

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