Le président des Etats-Unis après son discours de victoire, à Chicago (Illinois), le 6 novembre.

“Obama 2.0” est prié de ne pas décevoir

Reflétant une opinion publique largement favorable à Barack Obama, la presse européenne pousse un “ouf” de soulagement au lendemain de sa réélection. Mais, contrairement à 2008, elle ne se fait guère d’illusions sur son engagement en Europe.

Publié le 7 novembre 2012 à 13:15
Le président des Etats-Unis après son discours de victoire, à Chicago (Illinois), le 6 novembre.

L’Europe pousse un soupir de soulagement”, écrit le chroniqueur de l’Expresso Daniel Oliveira sur son blog.

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La victoire d’Obama ne répond pas à tous nos problèmes. C’est en Europe qu’on doit s’y confronter, et plus particulièrement en Allemagne. Mais la victoire d’un candidat qui incarnait davantage la sauvagerie financière aurait encore moins aidé à trouver une solution à la crise. L’Europe, considérée par Romney comme un repère de socialistes, n’a aucune raison de sabrer le champagne. Mais peut se contenter de pousser un soupir de soulagement.

A Berlin, Der Tagesspiegelrappelle qu’il y a 4 ans, Obama avait été fêté sur le Vieux continent “comme un messie de la Maison Blanche, comme le plus Européen, le plus occidental des candidats, comme ‘un des notres’”. Mais “quatre ans et une série de promesses non tenues plus tard, il est clair qu’il s’agissait d’un malentendu”, tempère le quotidien, qui énumère les déceptions sur l’environnement et la paix dans le monde, et conclut :

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Non, quatre ans après l’Obamania, il fait figure de moindre mal. A lui de rallumer la flamme. L’Europe ferait bien de comprendre, et le plus tôt sera le mieux, qu’au cours deson second mandat, Obama se concentrera encore moins sur la marche du monde et encore plus sur l’intérêt national de l’Amérique.

Et justement, assure To Vima, “les Allemands ne voient pas d'un très bon oeil la réélection d'Obama”. Le quotidien athénien assure que

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Obama les dérange. Il a essayé de freiner la catastrophe grecque mais ne croit pas que l'austérité puisse sauver les pays et les économies. […] Obama et Merkel, les Etats-Unis et l'Europe allemande, entrent dans une nouvelle phase de leurs relations. […] Obama a quatre ans pour décider si les Etats-Unis empêchent l'Europe d'être une colonie allemande, ce que l'Allemagne d'une certaine manière tente de faire depuis trois ans avec la crise de la dette. […] Les mains désormais libres, Obama 2 ne va probablement pas rester assis à regarder l'Allemagne "se les faire tous". Ce qui va se passer maintenant va déterminer la dimension la plus violente du projet géopolitique allemand, qui dépasse de loin les frontières de l'Europe elle-même.

Sur le site de Gazeta Wyborcza,Zbigniew Lewicki explique queBarack Obama n’est pas le meilleur choix pour le monde. Il n’a rien fait qui le disqualifie, mais il n’a pas non plus répondu aux attentes suscitées il y a 4 ans”. Pour le professeur à l’université Kardynał Stanisław Wyszyński et spécialiste de l’Amérique,

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l’Europe a disparu du radar de Obama. [...] Je ne comprends pas pourquoi nous nous réjouissons autant. Le président qui vient d’être élu a tourné le dos à l’Europe ces dernières années. [...] Je comprends que des grands pays comme la France, l’Allemagne et l’Italie apprécient que le président américain n’interfère pas dans leurs affaires. Mais des pays plus petits comme la Pologne, dont la sécurité dépend de l’UE et de l’OTAN, n’ont aucune raison de se réjouir. [...] La Russie peut se délecter de la victoire d’Obama parce qu’il comprend ses besoins et ses aspirations.

Au lendemain de cette élection présidentielle américaine, le politologue Vicente Palacio**remarque dans El País que les Européens se réveillent légèrement soulagés par la victoire d’Obama”. Car celle-ci**

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offre une deuxième chance aux Européens. Lors de son premier mandat, Obama a trouvé une Europe en déclin, sans la force d'esprit suffisante pour se hisser à la même hauteur, sans leaders. Aujourd'hui il paraît un peu plus facile que quelques dirigeants européens, comme Hollande ou Rajoy, essaient de tirer le meilleur parti de l’engagement pour la croissance du président réélu. [...] Les fédéralistes européens peuvent oublier pour un moment l'aveuglement, la lenteur et la déloyauté des uns et des autres, et rêver qu’en cet Obama 2.0, ils trouveront un allié pour surmonter la fragilité de l'UE. […] On peut rêver qu’Obama mette l'Europe au centre de son attention et finira par se convertir en porte-drapeau de notre union politique, fiscale et bancaire. Dans la dernière phase de la campagne, la reprise de l’emploi aux Etats-Unis a relativisé les conséquences visibles de l’austérité européenne. Mais l’erreur fondamentale est toujours là, et il faudra voir comment Obama va réagir au cas où cette politique mettrait les Etats-Unis en péril. Dans ce cas, les jours d’austérité imposée par Merkel seraient comptés.

Le prochain président des Etats-Unis aura à s’occuper de quatre dossiers incontournables, s'il veut vraiment, comme il l’a répété aux quatre coins du pays, relancer la croissance”, écrit le correspondant de Il Sole 24 Ore Mario Platero. Un de ceux-là concerne l’Europe :

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Il n’y a pas lieu de se complaire dans la rhétorique sur “l’Europe socialiste” ou “l’Europe qui ralentit notre croissance” que nous avons entendue pendant la campagne électorale. Depuis le G20 de Los Cabos, l’Europe a pris le chemin de la refondation que l’Amérique partage et qu’elle voudrait même voir avancer plus rapidement. Songer aujourd’hui à un “refroidissement atlantique” n’est plus pensable. Les liens économiques et commerciaux ont transformé l’Atlantique en un grand bassin économique […] Que la nouvelle administration consacre donc son attention à l’Europe, et qu’on cesse de nous utiliser comme le paratonnerre des problèmes des autres.

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