Lutte contre Silvio. La magistrature (gauche) l'emporte sur le Président Giorgio Napolitano, le Premier ministre Enrico Letta et Daniela Santanchè, une députée proche de Berlusconi.

“Que la raison prévale”

Le 1er août, et ce pour la première fois, l’ancien Premier ministre a été définitivement condamné pour fraude fiscale. Il pourrait toutefois ne pas être interdit d’exercer une fonction publique, ce qui conduit la presse italienne à se demander jusqu’à quand son sort personnel continuera de peser sur la vie politique italienne.

Publié le 2 août 2013 à 15:22
Lutte contre Silvio. La magistrature (gauche) l'emporte sur le Président Giorgio Napolitano, le Premier ministre Enrico Letta et Daniela Santanchè, une députée proche de Berlusconi.

La Cour de Cassation a confirmé le 1er août la peine de quatre ans de prison écopée par l’ancien Premier ministre Silvio Berlusconi pour fraude fiscale, rejetant l’appel qu’il avait pourvu contre la condamnation prononcée par deux tribunaux sur l’affaire Mediaset. En vertu d’une amnistie concernant les délits commis avant 2006, le verdict sera commué en un an de travaux d’intérêt public ou de résidence surveillée. Les juges ont également ordonné que la décision antérieure d’interdire à Berlusconi d’exercer tout mandat public pendant cinq ans soit revue par un tribunal de Milan.

Pour “Berlusconi, la condamnation est définitive” titre La Repubblica. Selon le quotidien romain, ce verdict montre que : “En Italie aussi l'Etat de droit est en vigueur, et la séparation des pouvoirs a de la valeur”, et il confirme le fait que “tous les citoyens sont réellement égaux devant la loi”. Dans un éditorial intitulé Les conséquences de la vérité, le rédacteur en chef du journal souligne que —

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Pour arriver à ce résultat — obtenir que justice soit pleinement rendue — il a fallu 10 années d’enquête et six années de procédures juciaires. Ce fut un long chemin maintes fois entravé par les “monstres” judicaires créés des mains du Premier ministre Berlusconi pour voler au secours de l’accusé Berlusconi - en sapant le code et les procédures -, et former de nouvelles figures à son image et de son acabit.

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Dans un message vidéo mis en ligne peu après la décision de la Cour, le Cavaliere clame son innocence, s’en prend au système judiciaire et assure l’opinion qu’il ne se retirera pas de la vie politique. Il annonce qu’au contraire, il reformera son parti politique original, Forza Italia. La contre-attaque de Berlusconi reçoit le soutien du journal appartenant à sa famille, Il Giornale, pour lequel “Berlusconi, ce n’est pas fini”. Dans un éditorial filmé, Allessandro Sallusi assure que

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C’est un problème politique, qui tient au fait que le système judiciaire voulait éliminer le chef du principal parti politique italien. […] Nous assistons à un verdict politique, à un meurtre politique, qui ne concerne pas seulement Silvio Berlusconi, mais tous ces millions d’Italiens qui ont soutenu Berlusconi et le PdL depuis de nombreuses années et qui ne veulent pas remettre le pays entre les mains de la gauche.

“Berlusconi condamné mais toujours dans la course” annonce Il Corriere della Sera. Dans son éditorial, le quotidien affirme que —

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La condamnation de Berlusconi ne peut certes pas être considérée comme une affaire ‘privée’. C’est au contraire un événement public et politique de la plus haute importance. Elle aura certainement des conséquences politiques. Par exemple, elle obligera le PdL à affronter la réalité d’un affaiblissement de sa direction. […] L'avenir du gouvernement reste précaire. La seule manière d'amortir le coup meurtrier porté au système politique italien serait de suivre la recommandation du chef de l’Etat et d’accepter la réalité, de mettre un point final et de repartir à zéro.

Il faudrait maintenant éviter au pays de payer les pots cassés, écrit La Stampa. Le journal note, dans son éditorial, que pour une fois, les Italiens devraient laisser “la raison prévaloir” et se demander —

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Si nous pouvons essayer de sortir de la crise dans laquelle nous nous sommes embourbés, ou si nous devons nous embarquer dans une nouvelle saison de vociférations, de déchirements et de campagne électorale. […] La Cour de Cassation a mis un terme - ça se passe toujours comme cela - à un parcours et une histoire judiciaire. Et cela ne doit pas être le début de notre fin.  

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