La crise grecque vers une solution

“L’argument de la confiance finira par se retourner contre ceux qui ont parié sur un Grexit”

Alors que le sommet des dirigeants de l’UE sur la Grèce était encore en cours, la presse européenne se désolait ce lundi des conséquences pour l’avenir de l’Union d’une crise qui a mis a dure épreuve les nerfs des peuples et des responsables européens.

Publié le 13 juillet 2015 à 09:45

Merkel est plus dure que jamais avec la Grèce, écrit De Volkskrant dans une analyse. Dimanche après-midi, elle a répété l’essence de sa position: “Un accord est toujours possible, mais ne doit pas être conclu à tout prix”. Merkel sait que son sort est lié à ce qui arrivera à la Grèce et doit prendre en compte le fait qu’elle doit à la fois négocier avec les citoyens allemands - elle a promis plus d’une fois qu’ils n’auraient pas à faire le chèque -, le désaccord au sein de son propre parti CDU-CSU, l’axe franco-allemand “en décomposition”, le FMI, la menace du parti d’opposition Afd et les Etats-Unis.

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Le champ des forces dans lequel elle doit opérer est complexe, composé d’une part de conflit intéreur et d’intérêts étrangers qu’il lui est impossible de satisfaire dans le même temps. C’est pourquoi elle est prudente, comme jamais.

Si les discussions de ce week-end permettent d’y voir plus clair sur les positions de chacun, l’avenir qu’elles dessinent n’est pas réjouissant pour l’Europe. Pour l’idée même d’Europe”, écrit David Carzon dans le quotidien français. Pour l’éditorialiste en effet,

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L’argument de la confiance finira par se retourner contre ceux qui ont parié sur un Grexit. Comment croire en une Europe qui fait passer les considérations politiques intérieures avant le reste ? Si l’on n’est pas persuadé de la capacité de la Grèce à respecter un échéancier de remboursement, ce n’est pas de sa sortie dont il faut parler. Mais des conditions qui permettraient vraiment aux Grecs de sortir la tête de l’eau et de retrouver cette fameuse confiance. Et avec elle la nôtre, en l’avenir d’une Union européenne solidaire, démocratique et proche des Européens.

Dans l’édition de lundi de la Süddeustche Zeitung, le chef du service étranger Stefan Kornelius nous rappelle que l’Europe et l’eurozone sont une “communauté politique et juridique”, qui “ne peut fonctionner que si les fontières légales et politiques de tous les partenaires sont respectées”. Elles sont le résultat d’années de consensus politique. Des règles différentes dans différents pays mèneraient à la fin de l’euro tel que nous le connaissons.

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La Grèce n’échoue pas à cause de l’Allemagne ou des presque douze pays qui ont des idées similaires à celles de l’Allemagne. Elle échoue à cause d’elle-même. Mais ceci est également vrai: si l’eurozone invente un Lex Grec, elle aura besoin d’une Lex France et d’un Lex Italie. Ce serait la fin de l’Euro.

Pendant longtemps la France et l’Allemagne ont été les principaux moteurs de l’intégration européenne. Mais en ce qui concerne la crise grecque, ils se tiennent des deux côtés opposés des barricades, écrit Bartlomiej Niedzinski dans Dziennik Gazeta Prawna -

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Paris est le plus enclin à accorder des concessions à la Grèce tandis que Berlin est parmi les plus intransigeants des [Etats membres]. Selon des sources non officielles, des conseillers français auraient même assisté la Grèce dans l’élaboration des dernières propositions et lorsque celles-ci ont été présentées, le président Hollande les a qualifiées de ‘sérieuses et crédibles’ [...] Alors que l’économie française est de plus en plus loin de l’économie allemande, l’empressement des français à faire des compromis provient des ses propres anxiétés et de ses propres peurs.

Le directeur du quotidien El Mundo, Casimiro García-Abadillo, estime que la négociation autour de la crise grecque s'est jouée sur "un dilemme essentiellement politique", car

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Qu'est-ce que l'adhésion à l'euro? La discipline budgétaire. Quelle est l'essence du programme de Syriza? La fin des coupes, donc le refus de la discipline budgétaire. Qu'est-ce que l'adhésion à l'UE? La perte progressive de la souveraineté. Quelle est l'une des caractéristiques essentielles de l'extrême gauche grecque? Le nationalisme. Par conséquent, la méfiance envers Tsipras est non seulement soutenue par sa propre façon de négocier, mais aussi par le fait que le Premier ministre grec ne peut pas accepter certains principes sans se trahir lui-même.

Boris Johnson, Maire de Londres et député conservateur au Parlement, réagit aux nouvelles propositions allemandes avec incrédulité, n’y voyant rien de moins que l’abandon de la souveraineté grecque à Berlin. Johnson, un critique bien connu de l’Union européenne, propose une solution typiquement batailleuse à la crise -

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Que vont faire les Grecs? Mon coeur dit qu’ils devraient dire à Schäuble d’aller se faire voir. [...] Qu’ont-ils gagné, en conjurant l’inévitable? Plus de chômage, plus de misère, plus de pauvreté. Qu’ont-ils à perdre? Rien si ce n’est leurs chaînes - la servitude qui va avec la cruelle version monétaire de l’empire Ottoman.

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