Cet article est réservé à nos abonné(e)s
L’année 2024 marque le 50ᵉ anniversaire de la révolution des Œillets au Portugal. En mars, les Portugais ont pourtant élu 50 députés issus du parti d’extrême droite Chega (“Ca suffit !”, CH), qui puise dans la nostalgie de la dictature de Salazar pour assurer sa communication. La coïncidence entre cette date symbolique et le choix des électeurs mérite que l’on s’y attarde.
Les résultats de l’élection signent la fin du mythe de l'exceptionnalisme portugais, selon lequel le Portugal était en quelque sorte “immunisé” contre la montée de l'extrême droite frappant l’Europe et le reste du monde. Le Portugal est également touché par le phénomène aujourd’hui – cela n’aura été qu’une question de temps, finalement.
En 2019, année de création de Chega, un seul député avait été élu : André Ventura, chef du parti depuis sa création et ancien chef du Parti social-démocrate (PSD) de centre-droit. Lors des élections législatives anticipées de 2022, le nombre de députés est passé à douze. Le 10 mars 2024, toujours lors d’élections législatives anticipées, le parti Chega a multiplié par quatre son nombre de députés. La nostalgie du parti envers l'ancienne dictature s’est confirmée fin 2021, juste avant les élections législatives de 2022. Lors d'un congrès du parti, André Ventura a repris la devise du régime d'Antonio Salazar (1933-1974) “Dieu, Patrie et Famille” en déclarant : “Nous sommes le parti de Dieu, de la Patrie, de la Famille ... et du Travail”.
Pour les Portugais, les prochaines élections du Parlement européen ont lieu trois mois seulement après les élections législatives. Ces derniers sont donc préoccupés par des questions de gouvernance et de formation de coalitions. Grâce au résultat réalisé lors des élections législatives, Chega représente désormais la troisième force politique du Portugal, derrière les deux plus grand…